30 des 54 États africains ont détecté des malades. La rapidité de la propagation du Covid-19 oblige les gouvernements à prendre des mesures.
L’espoir de voir l’Afrique épargnée par la pandémie de Covid-19 est en train de s’envoler. Début mars, seuls trois cas avaient été enregistrés en Algérie, au Nigeria et au Sénégal, si on exclut l’Égypte, durement touchée dès février, laissant croire à une exception continentale. Elle n’est plus. Mercredi 18 mars, 30 des 54 États africains avaient détecté des malades. On comptait 453 cas confirmés et face à la rapidité de la propagation du virus, les pays commençaient à prendre des mesures. L’Union Africaine, comme l’Union européenne, n’a pas donné de consignes. Les États réagissent donc en ordre dispersé, certains prenant des mesures drastiques tandis que d’autres demeurent dans l’expectative.
L’Afrique du Nord est de loin la partie la plus affectée. Tous les États ont fermé les écoles et les universités, et limité les voyages avec les zones «à risque» (Algérie et ses 60 cas, Tunisie) voire, comme le Maroc, suspendu tous les vols, tout comme l’Égypte (166 cas) à partir du 19 mars. Le Maroc et l’Algérie ont également demandé la fermeture des mosquées tandis que la Tunisie interdit tous les rassemblements de plus de 50 personnes. Seule la Libye n’a pris aucune mesure, n’ayant pas de malade officiellement. Mais la guerre qui ravage le pays rend la détection très délicate, tout comme la prise de décision.
Dans le Sahel, au Niger, même si aucun cas n’y a été enregistré, le président a annoncé mardi soir le confinement total à partir du 19 mars. Les frontières terrestres seront fermées tout comme les deux aéroports internationaux. Les écoles et les universités doivent garder portes closes comme les lieux publics. Plus rare encore dans ce pays très religieux, l’accès aux lieux de culte sera strictement encadré. Un plan d’un milliard de francs CFA (1,5 million d’euros) a été annoncé notamment pour rendre le test et les soins gratuits. La Mali a pris sensiblement les mêmes dispositions mais conserve certains vols. Le Sénégal et le Burkina Faso ont fermé les écoles, Dakar suspendant les vols vers l’Europe. En Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire et le Ghana interdisent leur territoire aux ressortissants des pays à haut risque.
En Afrique centrale, le Cameroun, qui compte dix malades confirmés, a lui aussi fait des choix fermes. Là aussi, toutes les frontières du pays sont fermées aux passagers, les établissements scolaires fermés. Les bars et les restaurants doivent être clos à 18 heures pour l’instant. Les populations sont libres de sortir même si les autorités recommandent de limiter ses sorties. Le Gabon a suivi le même mouvement, n’autorisant qu’un vol international par semaine. En République démocratique du Congo, les passagers venant de pays touchés doivent se confiner.
L’Afrique de l’Est prend aussi des dispositions mais pour l’instant plus légères. Au Kenya, l’accent a été mis sur la lutte contre les fausses nouvelles, notamment sur les réseaux sociaux.
En Afrique australe, l’Afrique du Sud prend des mesures alors que l’épidémie accélère dans ce pays, l’un des plus connectés du continent avec le reste du monde. En une journée, mardi, les cas sont passés de 85 à 116. Le président Cyril Ramaphosa a donc ordonné dimanche la fermeture des écoles et interdit les rassemblements de plus de 100 personnes.
Par Tanguy Berthemet/Lefigaro.fr