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Maraboutage à Conakry : un Malien poursuivi par un banquier… « Il m’a dit que l’argent des Djinns doit se mélanger à celui des humains… »

« Il a envoyé un certain Almamy chez moi. Ce dernier a ouvert une valise contenant beaucoup de billets de dollars neufs, il m’a dit que ça c’est le travail des djinns et qu’il fallait mélanger ça avec l’argent des êtres humains pour que ça soit multiplié. Il m’a dit de garder la valise sans la toucher pendant trois jours. Trois jours après, j’ai ouvert la valise, j’ai trouvé qu’elle était vide. Et quand je l’ai appelé, il m’a dit : Tu devrais faire des sacrifices pour que le contenu de la valise te revienne (…). Actuellement, il me doit plus de 45 mille dollars », s’est plaint le banquier.

Mohamed Koita, un marabout de nationalité malienne, a comparu devant le tribunal de première instance de Dixinn hier, mardi 14 mars 2023. Poursuivi pour escroquerie et charlatanisme, le prévenu a plaidé non coupable. Il reconnaît avoir reçu de l’argent de la part du plaignant mais assure l’avoir utilisé comme convenu, a constaté un journaliste de Guineematin.com qui a suivi ce procès.

Mohamed Koita est originaire de Mopti, en République du Mali. Ce marabout, qui réside à Conakry, est accusé d’avoir extorqué plus de 45 000 dollars à Mamadou T Barry, un banquier guinéen, sur la base du charlatanisme. Mais, le prévenu a rejeté en bloc ces accusations devant le tribunal correctionnel de Dixinn. Selon lui, le montant qu’il a reçu du plaignant a servi à faire des sacrifices, comme convenu par les deux parties.

« Je suis marabout. Il est venu me trouver, et m’a demandé de faire des prières et des bénédictions pour lui afin que sa situation s’améliore. Je lui ai dit que moi je prie Dieu, mais je ne peux pas lui garantir que la prière sera exaucée, parce que cela dépend de Dieu. C’est ainsi qu’il m’a remis de l’argent, un montant de 200 millions de francs guinéens. J’ai utilisé cet argent pour faire le sacrifice pour lui. J’ai acheté des moutons et des bœufs dont je ne peux pas estimer le nombre.  Quand une personne vient vers moi pour des prières et bénédictions, je lui dis que moi, je ne peux rien faire, c’est Dieu qui peut faire quelque chose. Donc, l’argent qu’il m’a remis n’a pas été détourné, il a servi à faire les sacrifices », a expliqué le prévenu, en détention depuis le 18 novembre 2022 à la Maison centrale de Conakry.

Mais cette version de Mohamed Koita a aussitôt été balayée d’un revers de la main par Mamadou T Barry. Le plaignant souligne tout d’abord que c’est par le biais de son grand frère qu’il a connu ce marabout. Il soutient également que ce dernier se présentait alors sous un autre nom et qu’il a utilisé des pouvoirs surnaturels pour l’escroquer.

« En sa qualité de marabout, mon frère m’envoyait souvent chez lui, il se faisait appeler Chérif et non Mohamed Koita. Il a profité de ces rencontres pour me proposer de faire des consultations pour moi. Au départ, il m’a remis une bague soi-disant que ma situation allait évoluer. J’ai porté cette bague. Mais au bout d’un an, je n’ai rien constaté. Après, il m’a remis une bouteille contenant, selon lui, un médicament. Et depuis que j’ai utilisé cette bague et le contenu de cette bouteille, je ne me retrouvais plus, je faisais tout ce qu’il me demandait. J’étais sous l’effet de cette bouteille et de cette bague. J’étais hors de moi-même, je l’ai suivi aveuglément.

Il m’a dit de lui remettre 25 mille dollars pour qu’il multiplie ça pour moi à un million de dollar. J’ai pris des créances pour trouver ce montant. Après, il a envoyé un certain Almamy chez moi. Ce dernier a ouvert une valise contenant beaucoup de billets de dollars neufs, il m’a dit que ça c’est le travail des djinns et qu’il fallait mélanger ça avec l’argent des êtres humains pour que ça soit multiplié. Il m’a dit de garder la valise sans la toucher pendant trois jours. Trois jours après, j’ai ouvert la valise, j’ai trouvé qu’elle était vide. Et quand je l’ai appelé, il m’a dit : Tu devrais faire des sacrifices pour que le contenu de la valise te revienne (…). Actuellement, il me doit plus de 45 mille dollars », a indiqué le plaignant.

Après avoir écouté les versions des deux parties, le tribunal a renvoyé l’affaire au 21 mars 2023 pour la phase des plaidoiries et réquisitions.

Guineematin

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