C’est un sale temps pour les éleveurs de la sous-préfecture de Koumban, située à 33 kilomètres de la commune urbaine de Kankan. Après avoir été sommés de quitter les lieux par les populations autochtones, ces derniers les ont pris pour cible. Depuis plusieurs semaines, ces éleveurs, leurs bétails et leurs biens sont à la merci de certains citoyens de cette localité.
Selon un inventaire non exhaustif dressé par les victimes à la demande des autorités de Kankan, dont Guineematin.com a reçu copie, plus de 350 bétails sont tués et découpés, 165 kilogrammes d’or emportés, une dizaine de cases pillés et incendiés, et d’autres dégâts matériels importants.
Ce sont les conséquences des violences liées à l’élection présidentielle du 18 octobre dernier. En provenance du district de Soumbaya, relevant de la sous-préfecture de Banankôrô, préfecture de Kérouané, ces éleveurs, au nombre d’une centaine, se sont installés depuis le mois de mai à Koumban, en commun accord avec la notabilité de la localité. Mais, selon une des victimes, qui s’est exprimée au téléphone de Guineematin.com sous le couvert d’anonymat, alors que la cohabitation entre les deux parties (éleveurs et autochtones) était jusqu’à récemment bonne, elle s’est détériorée lorsque les responsables se rendaient dans la localité pour la campagne présidentielle. Le problème serait que certains autochtones auraient conditionné leur vote en faveur du président Alpha Condé l’engagement des responsables du parti au pouvoir (le RPG arc-en-ciel) de chasser les éleveurs des lieux.
« En période de campagne, les responsables du RPG sont venus à Koumban pour conquérir l’électorat de la localité. Certains citoyens ont dit qu’il fallait que les RPGistes fassent le tout pour le tout pour chasser les éleveurs. C’était la seule condition pour qu’ils votent pour le RPG. Ces responsables du RPG ont promis de tout faire pour nous chasser, ils ont dit qu’ils allaient voir le préfet pour faciliter les choses. Mais, nous on leur a dit qu’on ne pouvait pas quitter maintenant puisque avec nos troupeaux nous risquons de détruire les champs des paysans, en voulant quitter. Nous avons donc demandé qu’on nous donne un peu de temps pour rassembler les bétails », a-t-il expliqué.
Malgré les multiples plaidoyers des éleveurs et les alertes lancées au niveau des autorités de Kankan, la semaine dernière, ils ont été victimes d’attaques de la part de certains citoyens de Koumban surexcités. « Malheureusement, la semaine passée, ils sont venus exécuter ce qu’ils avaient promis de faire : ils ont tué beaucoup de bœufs, des chèvres, des moutons. Ils ont aussi brûlé des cases et emporté plusieurs biens. Maintenant, nous voulons partir ; mais, ils refusent encore, ils disent qu’ils vont tuer tous nos bétails », s’est encore plaint notre interlocuteur.
Selon un inventaire des dégâts, fait par les victimes à la demande des autorités de Kankan dont nous détenons copie, les pertes sont énormes ! On note 207 bœufs ; 86 moutons ; 67 chèvres ; 52 poulets tués par les citoyens de Koumban. Ensuite, plusieurs bien matériels ont été incendiés et d’autres emportés : 9 Couvertures ; 6 valises ; 11 complets de femmes ; 9 attaches bols ; 16 marmites ; 14 lits ; 6 portes ; 6 tables ; 3 bâches ; 12 marmites ; 2 chaises ; 6 matelas ; 2 panneaux solaires et batteries (170 w) et une somme de 860 000 francs guinéens.
Selon nos informations, les victimes comptent déposer, dans les prochains jours, une plainte au tribunal de première instance de Kankan. Mais ; les autorités locales veulent régler l’affaire à l’amiable, d’où la tenue d’une réunion chez le Gouverneur le dimanche dernier. Joint au téléphone, Sadou Keïta, le gouverneur de la région administrative de Kankan n’a rien voulu dire : « pour l’instant, on ne peut rien vous dire ! Nous attendons de trouver une solution ; après, on vous appellera ».
Guineematin.com