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Sextape de la reine mère : une nouvelle dimension de la perversité en Guinée

La publication du ‘’droit de réponse’’ d’une bloggeuse guinéenne via sa page Facebook ‘’Page Reine Mère’’, lundi 25 mai 2020, lendemain de la fête de l’Aïd El Fitr, pour, semble-t-il, préciser le contexte dans lequel une vidéo d’elle à caractère ‘’pornographique’’ a été divulguée par ses proches, a fait l’objet de maintes indignations de la part des internautes.

Décidément, les guinéens n’ont guère attendu la fin effective du mois saint de Ramadan pour reprendre certaines de leurs attitudes répréhensibles. Du moins, c’est la perception que l’on pourrait avoir de cette énième affaire de sextape qui défraie la chronique.

De toute évidence, il faut dire que les voyeuristes guinéens ne manquent souvent pas de matière à s’occuper.  Car cette affaire n’est nullement une première dans le pays. On peut encore se rappeler des sextapes qui ont fuité depuis Conakry, la capitale, montrant de hautes personnalités en plein ébat. Celles provenantes de grandes agglomérations de l’intérieur de la Guinée dont Labé, Kankan, Nzérékoré, Siguiri, Kamsar ou encore Dubréka ont enrichi le phénomène. Sans oublier, la contribution indénombrable de la diaspora guinéenne en la matière.

Alors, si la divulgation des vidéos amateures à caractère pornographique n’est pas récente dans le pays, le phénomène a cependant atteint une dimension assez inquiétante, ces derniers temps.

‘’ LA NOUVEAUTÉ ? ’’

Dans un pays traditionnellement conservateur et majoritairement musulman (un peu plus de 90% de la population ndlr), les questions relatives à la sexualité relève, de manière générale, du domaine ‘’immuable’’ du dogme et du tabou en Guinée.

Bien que cela puisse provenir de leurs représentations pulsionnelles, les victimes des divulgations de Sextape, surtout les femmes qui y sont exposées, vivent le martyr. Elles font généralement l’objet de lynchage public par les internautes guinéens. Nombreuses parmi elles vivent au quotidien le regret, l’opprobre, l’infamie, l’amertume. D’ailleurs, celles qui le plus souvent tentent de se confondre en excuses prêchent dans le désert, où sont fortement réprimandées par un public pas prêt à leur pardonner leur « blasphème ».

Une fois n’est pas coutume, mais tout commence par une fois ; dit-on.

Page Reine Mère, avec un compte Facebook de près de 40 000 abonnés, c’est ainsi que cette bloggeuse guinéenne, résidant à Liège, en Belgique, se fait appeler sur les réseaux sociaux.

A partir d’un direct Facebook, en compagnie de son ‘’amant’’, elle a semblé ne point être perturbée par cette affaire qui l’accable pourtant. Si elle regrette la divulgation de la sextape à son insu, elle assure cependant ‘’assumer’’ les agissements qui ont été les siens.

« Si vous voyez que je suis venu devant vous aujourd’hui, nul ne peut dire qu’il n’a pas honte. Tout le monde a honte. Mais arrivé à un stade, il faut prendre du recul et interroger son entourage. Il n’y a pas assez de justification ici. Parce que j’ai pris un coup à un endroit où je ne le devrais pas. Ceux qui sont ébahis n’ont qu’à m’excuser, mais ceux qui trouvent réjouissance dans cette affaire, réjouissons-nous-en. Ça fait maintenant longtemps que je vous avais dit ici que j’utilisais des plastiques (sex-toy, godemichet, nldr).  Si c’était un homme qui me faisait ça, j’aurai longuement pleuré parce qu’il m’aurait fait quelque chose qu’il n’aurait pu faire à ses femmes, mères, sœurs,  … mais comme c’est une affaire de femme, j’avoue que j’ai été surprise. Ça je ne l’avais pas prévu. Sinon je savais que mes pornos auraient, un jour, fuités. Parce que mon comportement n’est pas très conseillable en effet. Tout ce que je fais, tout ce que vous voyez sur les réseaux sociaux me concernant, je fais plus pire que ça en réalité. Mais je n’avais jamais imaginé que la fuite viendrait d’une amie à moi, je m’attendais plutôt à ce qu’un  homme me le fasse. Parce que je me préparais à ça. Rappelez-vous, j’avais dit dans l’une de mes vidéos ici que ceux-là qui chercheraient à voir mon cul, le jour où vous le verrez, c’est ce jour que vous arrêterez de partager des sextapes sur les réseaux sociaux. Parce que je ne sais pas faire les choses à moitié, si je fais, je le fais sans hésiter, sans retenue. Ceux qui se réjouissent de cette affaire, au lieu de dispatcher ma sextape dans les comptes des gens, moi la reine mère, j’ai 41 000 abandonnés. Envoyez-moi directement la vidéo, je vais vous aider à la partager. J’ai un plus grand public. Mais tant que vous n’envoyez pas cette sextape dans les téléphones de Dieu et de ses anges, sachez que ma starification n’aurait pas atteint le niveau recherché, c’est-à-dire le high level. » a-t-elle déclaré dans son direct.

Par ailleurs, dans un fichier audio envoyé à nos journalistes, la mise en cause avoue s’être éprise de son amie, Serena Hahn (nom Facebook, ndlr), celle-là même qui aurait été à l’origine de la fuite de la sextape.

A en croire une de nos sources, les sextapes et les perversités de nature lesbienne et de penchant libertin sont très répandues dans les milieux de la diaspora guinéenne.

« Ici je peux vous assurer que c’est un véritable phénomène de société. Nos sœurs et frères se livrent à l’homosexualité, au proxénétisme, à la prostitution, à des partouses, bref à toute sorte de vie libertine et de comportement interdit par les mœurs guinéennes. Certains le font moyennant quelques Euros. D’autres le font par plaisir. Le pire est que la plupart d’entre eux ne s’en cachent même plus d’ailleurs. Et dire que tous ceux-ci se retourneront un jour en Guinée avec des conséquences : maladies infectieuses, mauvaises influences… Je pleure ma Guinée qui est si candide. » nous a-t-il témoigné.

‘’ Qu’en pensent les femmes ? ’’

En Guinée, les réactions ne se sont pas fait attendre. Nombreuses sont les femmes qui ont montré leur indignation.

Jointe au téléphone, Fatoumata Cissé, entrepreneure et activiste guinéenne, estime que celle qui se fait appeler Reine mère a fait fi de son devoir d’exemplarité eu égard à son statut de femme.

« Ecoutez, je pense que chaque personne est libre de faire ce qu’elle veut de son corps. Lesbienne ou gay, libre à chacun de se comporter comme bon lui semble. Mais de là à exposer ça sur les réseaux sociaux, c’est là où se trouve mon problème. Elle est quand-même une mère de famille, et une grande sœur pour bien de gens. Le devoir d’être exemplaire devrait lui dire quelque chose. Elle et ses copines font honte à toutes les femmes. Quand j’ai vu la sextape et sa vidéo de réplique, j’ai dit la honte a foutu le camp chez les guinéennes. » s’alarme-t-elle.

Aminata Kallo, vendeuse au marché de Kaporo et mère de famille, a quant à elle condamné l’influence des réseaux sociaux sur les filles :

« Je ne connais pas cette fille, ni cette affaire dont vous parlez. Moi je n’ai pas de téléphone à Facebook. Je n’ai pas ce temps. Mais si ce que vous dites est vrai, cette fille a fait la honte de toute sa famille. Moi, c’est pour cela je n’accepte pas que mes filles partent sur Facebook. Dès que je les voie je bloque leur téléphone. Ces gens ont détruit toutes nos filles en les montrant des mensonges. Elles refusent de se marier et de prendre la vie au sérieux comme l’ont fait nos mères. D’ailleurs, vous voyez pourquoi il faut vite donner les filles en mariage avant qu’elles ne commencent à découvrir certaines choses. C’est à cause de ce qu’elles voient à la télé et sur Facebook que nos filles refusent d’être sérieuses et accepter de se marier. Si cette fille était mariée, pensez-vous qu’elle aurait fait ça. » a-t-elle interrogé.

‘’ Point de vue d’un critique ’’

Alpha Oumar Diallo, analyste et chroniqueur chez guineeactuelle.com, a pour sa part estimé que cet acte est constitutif d’infraction aux dispositions pénales de la Guinée.

« A mon avis, c’est un coup d’éclair qui va en direction de notre société. Ça en dit long sur la dépravation des mœurs que connaissent en ce moment les guinéens vivant en Belgique. Mais le cas de la Reine mère est une première, il me semble. D’habitude, les personnes impliquées dans les sextapes, comme on les appelle, se cachent pour mieux digérer leurs hontes. Mais cette dernière assume non seulement son acte, pire, elle incite d’autres filles à user des sextoys pour satisfaire leurs libidos. C’est qui est une nouveauté en Guinée. D’ailleurs, tout ceci est une violation du Code pénal qui classe cette pratique dans la catégorie des infractions pour outrage public à la pudeur. » a –t-il précisé.

CHERINGAN/ Guineeactuelle

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