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Guinée : pourquoi les journalistes fuient-ils leur métier ? (Investigation)

Défaut d’attractivité, pratiques sombres, quête de nouvelles opportunités, en Guinée, le métier de journalisme est en mauvaise passe. Nous avons concordé plusieurs témoignages de journalistes dans cette investigation. Lisez…

Depuis quelques mois, la pratique est courante. La transhumance jadis à l’apanage des politiques, connait de nouveaux preneurs. Les journalistes et non des moindres sont débauchés au service de l’Etat guinéen, chose normale . Les chiffres font état de plus d’une vingtaine de journalistes ayant bénéficié d’un décret présidentiel ou d’un arrêté ministériel. Les cas d’Antoine Kourouma dans l’émission les Grandes Gueules et Mohamed Kaba respectivement nommés à la diplomatie guinéenne à Bruxelles et Genève sont les derniers en lice. Une promotion à priori mais pas que. Allons à l’origine de ces départs massifs pour certains.

Mais pourquoi les journalistes fuient-ils le métier ?

Cette fâcheuse question divise l’opinion publique guinéenne. Si d’aucuns y voient de l’opportunisme, d’autres mettent en avant la précarité du journalisme en Guinée. Nous nous sommes plongés dans une investigation à travers trois grands organes de presse en Guinée dont Espace FM, FIM FM et CIS Média.

Les hommes de média, très prompts à décrier et dénoncer des manquements d’autres institutions dans les contrats qui les lient à leurs employés, ne sont pas nécessairement de bons élèves. A Espace FM, un employé nous confie que « cela fait plus de 3 mois à la télé qu’on n’est pas payé » avant d’ajouter qu’à la radio, « ils sont à 2 mois d’impayés ». Une autre personne affirme « je suis en train de quémander mon salaire comme si on me l’offrait gratuitement ».

Même son de cloche chez CIS Média et FIM FM. Ces organes voient leurs journalistes vivre une période très sombre. Est-ce dû aux difficultés rencontrées par Antonio Souaré, PDG du groupe SAMGBM avec les autorités guinéennes ? Une chose est certaine, les caisses semblent vide depuis l’affaire Guinée Games. Plusieurs employés de CIS Média affirment « nous n’avons pas de salaire depuis 4 mois ». Chez FIM FM depuis peu, il a été demandé aux employés d’accepter « une réduction de 40% sur leurs salaires ». Contre leurs grés, certains l’ont accepté mais constat amer. Cette réduction ne s’appliquerait pas à tous les employés. Certains seraient privilégiés. Des employés de ce média nous laissent entendre que ce sont ces traitements et injustices qui font que « chacun lorgne désormais une possibilité de décret ou nomination ».

Dans tous ces témoignages, une phrase revient régulièrement : « cet agissement est pareil partout et quand on se plaint, on nous menace de nous retirer de l’antenne ». Acculés, ces journalistes disent ne plus faire confiance en leurs syndicats et attendent vraisemblablement une opportunité pour claquer la porte.

Mais en attendant, la pratique continue bon train et la précarité gagne du terrain au risque d’impacter l’attractivité du métier du journalisme chez les jeunes.

LeMediaAfrique

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