Le 2 novembre, les dépouilles mortelles des onze jeunes, assassinés les 14, 15 et 16 octobre lors des manifs du FNDC (Front national pour la défense de la Constitution), ont fait les frais d’un véritable jeu de ping-pong que ni les parents, ni le FNDC n’auraient pu imaginer.
Partis de la morgue de l’hôpital national Ignace Deen, les corps ont été déposés à l’hôpital de l’Amitié Sino-guinéenne de Kipé. Leurs parents ont été invités à venir les récupérer là à toute vitesse. Le transport vers Kipé fait suite à un communiqué du pro-crieur près le Tribunal de première instance de Dixinn, diffusé la nuit du vendredi 1er novembre. Sidi Souleymane N’Diaye demandait aux familles des victimes d’aller chercher les corps.
A l’hôpital Sino-Guinéen, aucune famille n’a pointé le nez. Les journaleux n’ont pas eu accès à la morgue de l’hôpital sino-guinéen.Pandores et flics, cantonnés devant les portails, les en ont empêchés. Sans aucune forme de procès. Seulement voilà, de source médicale, la morgue de l’hôpital de l’amitié ne saurait contenir plus de 4 corps. Quid des 7 autres dépouilles ? Sur sa page Facebook, la Petite Cellule Dalein Diallo de l’UFDG a indiqué que les corps ont été nuitamment envoyés à l’hôpital sino-guinéen, dénonçant la déshumanisation de la part du goubernement.
Jointe au téléphone, une famille éplorée dit suivre les consignes du FNDC: «Des membres du FNDC nous ont appelés hier, pour nous dire d’attendre, ils vont nous rappeler pour nous préciser la démarche à suivre. Les parents de l’enfant qui avaient souhaité un enterrement au village sont déjà à Conakry. Ils attendent de voir le corps avant tout enterrement. Nous demandons au gouvernement de nous rendre les corps, pour que nous puissions les enterrer dignement».
L’indignation et la dénonciation d’un gouvernement que d’aucuns qualifient de cynique a fait le buzz. Dernier épisode dans ce jeu macabre de ping-pong, le goubernement a reconduit les corps à la morgue de l’hôpital Ignace Deen, à Kaloum. Triste retour à la case de départ.
Ibn Adama/LeLynx