Suite à notre article sur la décision de l’Union Européenne de n’autoriser l’espace Schengen qu’à 4 pays africains (Algérie, Maroc, Tunisie et Rwanda) aux côtés d’autres contrées du monde, assimilées au vieux continent dans le cadre de l’OCDE (Canada, Australie entre autres), nombreuses sont les réactions appelant à l’application stricte de la réciprocité.
L’avant projet dont nous avions publié quelques extraits est d’autant plus difficile à comprendre que les statistiques plaident plutôt le contraire: n’est-ce pas à l’Afrique d’appliquer le “travel ban” à son voisin de par qui était lui était venu le covid-19 et non, paradoxalement, de la Chine, premier foyer de la pandémie ? Les chiffres sont en tout cas têtus.
Selon une note de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), datée du jeudi 25 juin 2020, le continent européen enregistre quotidiennement près de 20 000 nouveaux cas et plus de 700 décès. Or, depuis le début de la pandémie et au 26 juin, le continent africain recense 359 408 cas déclarés, 9283 décès et 173 057 guérison. Certes, les cas sont en augmentation mais l’on est loin des prédictions alarmistes de l’OMS et des institutions occidentales. Le continent présente, qui plus est, un taux de guérison élevé, qui l’éloigne de son voisin qui, soit dit au passage, l’avait maintenu étouffé sous son genou pendant 4 siècles d’esclavage et un siècle de colonisation.
Comparée à la France (162 936 cas et 29 778 décès), à l’Italie (246 000 cas positifs et 34 716 décès) et à l’Espagne (248 469 cas positifs, 28 341 décès), la situation du continent africain est des plus enviables. Ces trois pays européens totalisent ensemble 92 835 morts alors que le continent dans son ensemble compte 9 000 morts, soit un rapport de 1/10. C’est dire de la rationalité relative de la décision de l’Union Européenne qui, si elle sous-entend bien que l’Afrique sous estime ses cas positifs par manque de tests, ne peut ne pas s’incliner devant le bilan des décès, gardien de la paix comme dirait Didier Raoult dans la comparaison sur l’efficacité des protocoles.
Et puisque l’Europe entend appliquer la réciprocité stricte envers la Chine, n’est-il pas venu le temps pour l’Afrique d’exiger le même traitement que celui que Bruxelles réclame de la Chine ? Qualifié à tort et à raison de syndicat des chefs de l’Etat, l’Union Africaine trouvera-t-elle enfin son acte fondateur en parvenant à ne pas faire des africains les grands confinés (ils l’étaient déjà du fait de la procédure asymétrique du visa) de la pandémie covid-19 ? A l’heure où le meurtre de George Floyd pousse le monde à regarder les rapports entre blancs et hommes de couleurs avec de nouvelles lunettes, l’Afrique restera-t-elle sans voix devant ce qui s’apparente, Rwanda mis de côté, à une vision réchauffée d’une Afrique subsaharienne sans histoire (Hegel) ?
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