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Guinée : Marcel Guilavogui accuse Moussa Dadis Camara d’avoir organisé le massacre du 28-Septembre

(Image d’illustration). © CELLOU BINANI / AFP

En Guinée, le procès du massacre du 28-Septembre a repris ce lundi 10 juillet après des semaines d’interruption suite à une grève des avocats, puis une grève des gardiens de prisons. De retour à la barre, l’un des accusés, Marcel Guilavogui, neveu du capitaine Moussa Dadis Camara, veut « dire la vérité » sur les événements de ce funeste 28 septembre 2009.

Avec les correspondants de RFI à Conakry, Matthias Raynal et Moctar Bah

Ce matin, Marcel Guilavogui s’avance vers la barre dans un grand boubou bleu turquoise. Ce sont les parties civiles qui sont auditionnées depuis le mois de février, les onze accusés ont pu, eux, s’exprimer au début du procès. Mais Marcel Guilavogui demande à prendre la parole, il veut « éclairer la lanterne du tribunal pour l’histoire de la nation guinéenne ».

Avant de statuer sur cette demande, le président du tribunal entame des consultations, donne la parole tour à tour au procureur, à un avocat des parties civiles : tous les deux se prononcent en faveur d’une audition du neveu de Moussa Dadis Camara. Du côté de la défense, très divisée depuis le début du procès, la question fait débat. De nombreux avocats demandent à parler, les interventions sont très vives, la voix des avocats résonne dans la vaste salle d’audience du tribunal ad hoc.

Les conseils se rangent dans deux catégories : certains sont pour le retour de Marcel Guilavogui à la barre, comme les avocats de Toumba. « Quand l’heure de la vérité sonne, il faut la faire exploser », déclare grandiloquent Paul Yomba Kourouma. D’autres avocats s’y opposent : ceux de Moussa Dadis Camara notamment. Ces deux dernières semaines, des articles de presse avaient fait état de tensions entre l’ex-chef d’État et son ancien protégé.

Un témoignage finalement entendu

Les propos du président sont âpres : « Monsieur Marcel Gulavogui n’est pas un accusé VIP. Il est un accusé au même titre que les autres. Monsieur Marcel Guilavogui n’est pas supérieur ni inférieur aux autres accusés, en vertu de quoi on va lui donner le privilège de reprendre la parole et laisser les autres. »

Ainsi, et même si les avocats de Dadis rejettent le principe d’une nouvelle audition de Marcel, il est autorisé à parler. Il a commencé à parler vers 12h heure locale, commençant par la lecture d’une longue introduction. Il présente ses excuses au peuple de Guinée pour son silence, dont certains ont profité, affirme-t-il, « pour le peindre en noir » face au tribunal. Il dit avoir été « victime d’intimidations qui visaient à l’empêcher de dire la vérité pour ne pas relater les faits réels ».

Il accuse Moussa Dadis Camara d’avoir organisé le massacre : « Un chef d’État… 150 morts ! Et vous dites que vous n’y connaissez rien ? La responsabilité est sur le président Moussa Dadis Camara. M. Dadis Camara, vous êtes au début, au milieu et à la fin de tout ce qu’il s’est passé ce 28 septembre […] Je veux parler de la garde parallèle. Ce sont eux qui ont exécuté les ordres du président pour le stade du 28-Septembre. »

Avec cette révélation du capitaine Guilavogui, les avocats des parties civiles jubilent. Alpha Amadou DS Bah : «Aujourd’hui, on a la certitude que le capitaine Dadis est l’instigateur des massacres du 28-Septembre pour avoir donné des instructions formelles à la garde présidentielle. Tous ces faits sont déjà corroborés par plusieurs témoignages, donc, aujourd’hui, nous n’avons aucun doute sur l’implication personnelle du capitaine Moussa Dadis Camara et surtout de ses co-accusés notamment Claude Pivi et le colonel Tiègboro ».  

Pour Me Antoine Pépé Lama, avocat de Dadis Camara, il y a un problème de fond qu’il espère pouvoir lever dans les prochains jours. « Nous allons les jours à venir affronter le capitaine Marcel Guilavogui contre qui nous avons des questions qui vont démonter ces contre-vérités et nous avons également des éléments à notre disposition qui vont édifier sur la motivation qui a guidé Marcel à se livrer à cet exercice ».

Marcel Guilavogui sera de nouveau entendu demain par la Cour dans ce procès qui dure depuis maintenant plus de neuf mois.

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