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Décès en détention de l’opposant Roger Bamba : ces zones d’ombre

Roger Bamba, c’est le nom du dernier détenu connu à avoir perdu la vie alors qu’il était en détention à la Maison centrale de Conakry. Des zones d’ombre subsistent à plusieurs niveaux.

Le désormais ancien militant de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée était en détention préventive pour des raisons qu’on ignore, tout comme les causes de son décès.

C’est début septembre, le 06 pour être plus précis, qu’il a été mis aux arrêts à l’Assemblée nationale, son lieu de travail. Il y a été convoqué par le Secrétaire par le biais de la Responsable des ressources humaines. Il se présente le matin au bureau, et c’est là qu’il a été cueilli et déposé à la Direction centrale de la police judiciaire. Pour son parti, c’est un piège que ses responsables lui ont tendu.

Les raisons de son arrestation encore floues; après son audition, il a été placé en détention préventive pour, dit-on, diffusion d’informations de nature à troubler l’ordre public. Mais à la surprise générale, on apprend après son décès que c’est un militant du parti au pouvoir qui avait porté plainte contre lui, ce après des échanges via Messenger. Karfamoria Kaba, puisqu’il s’agit de lui qui n’aurait pas apprécié cet échange aurait décidé de porter plainte. Mais celui-ci affirme qu’il n’a jamais porté plainte contre le défunt même s’il reconnaît avoir eu des échanges musclés avec feu Roger Bamaba. «Hier, j’ai vu une capture d’écran qui circulait sur les réseaux sociaux soit disant que je serais la personne qui a donné les contacts de Roger Bamba aux autorités afin qu’il soit arrêté. Mais ce que j’aimerais dire d’abord, pour porter plainte, il faut avoir la qualité et l’intérêt. Feu Roger Bamba m’a fait quoi ou m’a dit quoi qui pourrait me pousser à lui faire cela? Je m’inscris en faux». 

Le Ministère de la justice soutient de son côté que le défunt était en détention préventive comme le veut la procédure. La constitution de son dossier était en cours. Et le procès devrait s’ouvrir fin décembre afin de déterminer s’il est coupable ou non des faits qui lui sont reprochés. Mais qui est alors derrière l’arrestation de Roger Bamba ? C’est la question qui reste sans réponse pour le moment. Quelles sont les causes de sa mort?

“Empoisonné”:

Le détenu est tombé malade à la Maison centrale de Conakry. Il a été transféré à l’hôpital national Ignace Deen pendant la journée du mercredi 16 décembre. C’est là qu’il va rendre l’âme à minuit, selon son épouse. C’est d’ailleurs avec surprise que Christine Bamba a appris que son époux était souffrant, alors qu’elle l’avait laissé en bon état, la veille, dit-elle. C’est pour cette raison qu’elle pense que son mari a été empoisonné. « J’ai demandé à mon mari qu’est-ce qu’il a mangé ? ce qu’ils l’ont fait en prison, il m’a dit que c’est le mardi soir qu’il a commencé à ressentir de la douleur partout. Si vous voyez son corps on dirait qu’il utilisait les produits cosmétiques, son corps était devenu jaune alors qu’il est de teint noir, son ventre était ballonné. On a eu le sang demandé mais le docteur a dit que c’est coagulé, il faut attendre une heure pour le brancher. Mais il se plaignait trop de douleur et à 00 h, il a rendu l’âme…..».

Le Ministère de la justice dribble la presse nationale

Le Ministère de la justice s’est contenté d’un communiqué laconique annonçant le décès du communicant de l’UFDG, tout en indiquant que la famille a le droit de demander une autopsie. Malgré l’insistance de la presse nationale, il n’a pas donné les causes de la mort de ce détenu. Curieusement, le porte-parole du département, s’exprimant chez nos confrères de RFI, avance que le détenu est mort d’une cirrhose du foie, sans citer une source médicale. Sékou Keita ajoute que le détenu: «remplissait les conditions de détention que l’on peut qualifier d’acceptables aujourd’hui».  

Les Conditions de détention en Guinée

C’est un secret de polichinelle, les maisons d’arrêt du pays en général et celles de Conakry en particulier sont surpeuplées. La Maison centrale de Conakry, plus grand centre de détention ne fait pas exception. Les organisations de défense des droits de l’homme ont élaboré plusieurs rapports accablants à ce sujet. Au moins huit personnes sont mortes en détention en 2019. Selon l’administration pénitentiaire, cité dans le Rapport 2019 d’Amnesty International, en octobre 2019, quelque 4 375 personnes étaient détenues dans 33 prisons, dont la capacité totale était de 2 552 prisonniers seulement ; 54 % de ces personnes étaient dans l’attente de leur procès. À la prison centrale de Conakry, qui pouvait accueillir 500 prisonniers, étaient détenues 1 468 personnes, dont 68 % n’avaient pas encore été jugées”.

Cependant, le Ministère de la justice assure que des efforts ont été fournis ces derniers temps pour assurer un bon cadre de vie aux détenus.

L’Ambassade des États-Unis en Guinée et la Ligue Guinéenne des droits de l’Homme invitent l’Etat à faire la lumière sur les circonstances du décès de Roger Bamaba. 

Notons que c’est le troisième cas de décès dans des circonstances assez floues enregistré à la Maison centrale de Conakry en moins de deux mois. Sur les corps d’Elhadj Ibrahima Sow et Mamadou Lamarana Diallo, les parents ont retrouvé des traces de sévices corporels.

Fanta Kaba et Thierno Bah pour voxmeteore.info

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