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Quotas d’immigration économique: Emmanuel Macron préfère les Guinéens et les Ivoiriens

Emmanuel Macron a fait de l’immigration l’un des marqueurs de la seconde moitié de son quinquennat. Le président français ne veut pas laisser ce terrain à l’extrême droite. Ce mercredi, le gouvernement doit faire des annonces sur la nouvelle politique migratoire de la France, un mois après un débat sur le sujet à l’Assemblée. Les grandes lignes sont déjà connues avec 20 mesures sur la table.

Édouard Philippe a présenté lundi soir à plusieurs ministres et à des parlementaires de la majorité les grandes lignes de la nouvelle politique migratoire française. Le Premier ministre français a confirmé plusieurs annonces qu’il avait faites à la tribune de l’Assemblée nationale il y a un mois.

D’abord, principale mesure et vraie révolution dans le système français : des quotas d’immigration économique en fonction des besoins des secteurs professionnels, sur les modèles canadien et australien. Chaque année, une consultation aura lieu entre le ministère du Travail, Pôle emploi, les syndicats, le patronat et les régions pour fixer ces quotas dans des professions en manque de bras. Quotas dans le bâtiment, dans la restauration, dans le secteur des services. La liste de ces objectifs chiffrés sera connue l’été prochain selon la ministre du Travail.

Cette politique de quotas, la droite en rêvait et c’est donc Emmanuel Macron qui veut s’y atteler. L’idée était déjà lancée par Nicolas Sarkozy en 2007. Alain Juppé aussi avait fait des quotas d’immigration l’une des mesures phares de son programme lors de la présidentielle de 2017. Tout comme François Fillon, candidat de la droite face à Emmanuel Macron. La différence, c’est que cette fois ce ne sont pas des quotas basés sur la nationalité des migrants. La nuance est importante aux yeux d’un député La République en marche venu du Parti socialiste. Des « quotas en fonction des besoins de main-d’œuvre, ce n’est plus du tout une idée de droite », veut croire cet élu. 

Emmanuel Macron chasse sur les terres du RN

Ces annonces sur l’immigration font partie d’une grande stratégie du chef de l’État pour contrer le Rassemblement national. Dans sa lettre aux Français publiée avant le grand débat post « gilets jaunes », le chef de l’État évoquait déjà l’idée « d’objectifs annuels » d’immigration. À la rentrée, Emmanuel Macron a placé l’immigration en tête de ses priorités, appelant ses troupes à regarder le « problème en face ».  Point d’orgue de cette offensive la semaine dernière, cette interview dans Valeurs Actuelles la semaine dernière. Sur 12 pages, Emmanuel Macron donnait sa vision sur l’immigration et il se disait prêt à des « quotas de migration légale » pour occuper des postes non pourvus. « Il y a des emplois que vous ne ferez plus occuper à des Français comme le métier de plongeur », déclarait le président avant de préciser : « Je préfère avoir des gens qui viennent de Guinée ou de Côte d’Ivoire légaux, qui sont là et qui font ce travail, que des filières bulgares ou ukrainiennes clandestines. »

À la rentrée de septembre déjà, Emmanuel Macron avait mis le sujet en haut de la pile. Devant le gouvernement et les parlementaires de la majorité, il avait regretté un « droit d’asile détourné de sa finalité » et dénoncé les « bourgeois » qui se détourneraient du sujet. À cinq mois des municipales et à 2 ans et demi de la présidentielle, Emmanuel Macron chasse clairement sur les terres du RN.
L’objectif : convaincre l’électorat de droite qui a glissé un bulletin La République en marche aux européennes de basculer définitivement du côté du macronisme plutôt que du lepénisme.

Durcissement du regroupement familial

Parmi les autres mesures prévues par le gouvernement, le regroupement familial devrait être durci. Tout comme l’accès à la naturalisation. Emmanuel Macron veut aussi lutter contre les abus de l’aide médicale : les demandeurs d’asile devront attendre trois mois pour accéder à la Puma, la protection universelle maladie qui couvre les besoins médicaux de base. L’Aide médicale d’État est épargnée mais certains actes non urgents pourront être validés par la Sécurité sociale. Il y aura davantage de contrôles sur les bénéficiaires de l’ADA, l’aide aux demandeurs d’asile. Deux mesures qui seront discutées dès jeudi à l’Assemblée. Enfin, l’Office de protection des réfugiés et des apatrides (OFPRA), ainsi que la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) recevront de l’argent pour accélérer le traitement des demandes d’asile.

Pour résumer, les réactions sont presque les mêmes que celles dans l’hémicycle le mois dernier : la droite salue la mise en place de quotas mais trouve qu’Emmanuel Macron ne va pas assez loin, notamment sur l’Aide médicale d’État. La gauche, elle, dénonce « l’instrumentalisation » du thème de l’immigration  pour détourner les Français des préoccupations sociales.

Au sein de La République en marche et des partenaires de la majorité, le sujet fait débat. Plusieurs députés de l’aile gauche mettaient en garde il y a plusieurs semaines : attention danger, terrain glissant ! D’autres regrettent que cette thématique prenne autant de place, à côté de l’emploi ou de l’environnement.

Édouard Philippe installe le match Le Pen-Macron

Après une question de la présidente du Rassemblement national, Édouard Philippe a d’ailleurs fait allusion à un second tour Emmanuel Macron-Marine Le Pen à la prochaine présidentielle. « Il arrivera peut-être, je ne sais pas, qu’un jour vous ayez l’occasion de débattre à nouveau avec le président de la République. »

De quoi provoquer la colère des élus de l’opposition dans l’hémicycle. « Je trouve ça scandaleux, ce n’est pas digne d’un Premier ministre, fustige le député Les Républicains Philippe Gosselin. C’est “cornériser” les oppositions et installer un match Le Pen-Macron. » « J’ai dit au Premier ministre, avec une forme de gravité, qu’à jouer avec le feu dans une sorte de jeu de rôle avec le FN, la République risque de se brûler », souligne le communiste Sébastien Jumel.

Marine Le Pen, elle, se frotte les mains : « Il valide le fait que, dans les sondages aujourd’hui, les deux candidats, les deux visions antagonistes qui expriment un véritable choix aux yeux des Français, c’est celui porté par Emmanuel Macron et celui que j’ai l’honneur de porter. »

RFI

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