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En Guinée, l’espoir d’une liberté retrouvée après le coup d’État

Le Colonel Mamady Doumbouya (au centre) a promis un transfert du pouvoir aux civils. | JOHN WESSELS, AFP

Les premières mesures du colonel putschiste Mamady Doumbouya ont desserré l’étau du système répressif instauré par l’ancien président Alpha Condé. Les habitants savourent mais se demandent si cela va durer.

Un immense panneau délavé surplombe le rond-point « T5 »​, dans le quartier de Wanindara de la capitale guinéenne. Le portrait géant du président Alpha Condé (au pouvoir depuis de décembre 2010 à septembre 2021) a été remplacé par une publicité vantant les mérites d’un opérateur téléphonique. Si ce panneau pouvait parler​, soupire Ibrahim Diallo, les yeux levés vers le ciel. Que dirait-il ? Que des jeunes innocents sont morts simplement en tentant d’enlever cette affiche pendant des manifestations. Il a vu le sang couler et la brutalité de la police…

​Sur le rond-point, au pied du panneau, il ne reste qu’une dalle de béton fissurée pour témoigner de la violente répression qui a sévi sur cet axe pendant près de deux ans. Sur cette route qui traverse les quartiers populaires de Conakry, le président déchu avait fait installer des postes militaires à chaque intersection. Alpha Condé, dans sa quête effrénée d’un troisième mandat (alors que la Constitution le lui interdisait initialement), muselait ses opposants et les protestataires par la violence. Réélu en octobre 2020, il a finalement été contraint au départ par les forces spéciales qu’il avait lui-même mises sur pied.

Libéralisation

La première mesure de la junte a été de démanteler les dispositifs militaires installés dans les quartiers. Dans la nuit suivant le coup d’État, tout a disparu. Aujourd’hui, près d’un mois après le putsch, les habitants ont encore un peu de mal à y croire. On vaque librement à nos occupations. Il n’y a plus de contrôles sans motifs. Les jeunes peuvent rentrer tard le soir sans risque de se faire tuer. Nous vivions la peur au ventre et désormais, nous sommes libres.

Les putschistes emmenés par le colonel Mamady Doumbouya, un ancien légionnaire de l’armée française et désormais président par intérim, multiplient les gestes de conciliation. Les frontières, fermées depuis des mois sur décision de l’ancien président, ont été rouvertes, le couvre-feu allégé et le prix du carburant revu à la baisse.

Les Guinéens ont favorablement accueilli la junte. | ANTHONY FOUCHARD

En l’espace de quelques semaines, la junte s’est rendue sur la tombe du premier président de la Guinée indépendante, Sékou Touré, avant de se recueillir au cimetière du quartier de Bambeto. C’est là que sont enterrées la plupart des victimes de la répression du gouvernement d’Alpha Condé.

Des déplacements en catimini

Mamady Doumbouya ne s’annonce jamais. Dans son sillage, seule la télévision d’État est autorisée. Les premières mesures prises par lui et sa garde rapprochée sont annoncées au journal de 20 h 30. Sans que les Guinéens ne soient en mesure de savoir qui sont vraiment ces militaires arrivés au pouvoir, comme tant d’autres, avec les meilleures intentions du monde.

Mais dans le pays, pour l’instant, cela ne dérange personne. Lui au moins, il ne fait pas d’histoires. Quand Alpha Condé se déplaçait en ville, tout était bloqué pendant des heures. Là regardez, il vient, puis il repart dans les embouteillages , ​se félicite Mamadou Barry, un habitant du quartier de Bambeto.

Juste avant son investiture en tant que président de transition, Mamadou Doumbouya a tenu à effectuer un dernier déplacement symbolique. Au stade du 28-Septembre, théâtre d’un massacre sanglant (157 morts, 109 femmes violées) en 2010 sous le régime du capitaine Daddis Camara (au pouvoir entre décembre 2008 et décembre 2009), il est venu se recueillir en jurant que le temps de l’impunité ​était désormais terminé. Dans Conakry, les portraits d’Alpha Condé sont progressivement remplacés par des affiches immenses à l’effigie du nouveau président de la transition. Jusqu’à quand ? Dans la charte rendue publique par la junte, la durée de la transition n’est pas mentionnée.

OuestFrance

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