Devenue depuis fin 2016 une filiale à 100 % du transporteur allemand Lufthansa, la compagnie aérienne belge avait de la peine à réaliser des bénéfices depuis sa relance sur les cendres de la défunte Sabena.
Lufthansa qui est le premier groupe aérien d’Europe possédait déjà avant 2016 45% de l’actionnariat de la compagnie belge avec une option de racheter les autres 55% de l’actionnariat de la compagnie en cas de difficultés.
La somme dérisoire du rachat d’une valeur de 2,6 millions d’euros avec les dettes de la compagnie, montre bien qu’avant l’éclatement de la pandémie du Covid-19 qui n’a fait qu’accélérer les choses, Brussels Airlines avait des sérieuses difficultés et qu’une restructuration s’imposait pour éviter un dépôt de bilan pur et simple de la Compagnie.
Interrogée ce matin sur la situation par la Rédaction de Guinéenews basée à Bruxelles, madame Kim Daenen, chargée de la presse chez Brussels Airlines explique : « dans le cadre de notre plan de redressement Reboot, qui a été accéléré à cause des conséquences de la crise du Coronavirus qui nous a fortement touchés, nous avons décidé de réduire notre flotte en passant de 54 à 38 avions. En ce qui concerne notre flotte long-courrier, nous passons de 10 à 8 Airbus A330. En conséquence, nous avons dû prendre des décisions difficiles concernant notre réseau, en nous basant pour chaque destination sur la rentabilité actuelle et la rentabilité attendue des routes, en tenant compte également de la réduction de la flotte long-courrier. »
Avant de préciser : « les perspectives économiques ne sont pas favorables pour nos routes en Guinée et au Burkina Faso. Ce qui se répercute bien sûr sur le potentiel de croissance des deux stations (Conakry et Ouagadougou). Après une analyse approfondie et afin d’optimiser l’utilisation de nos avions, nous avons donc décidé de suspendre nos opérations vers les deux villes. »
Brussels Airlines considérait pourtant le continent africain comme l’une des destinations rentables parce que les compagnies low-cost n’y étant pas présents, donc les voyageurs en destination du continent noir notamment les Guinéens espéraient que la liaison Bruxelles-Conakry serait maintenue.
Mais l’arrivée en 2019 dans l’espace aérien guinéen de la compagnie portugaise TAP avec des prix en dessous de 500 euros pour un aller-retour Bruxelles-Conakry via Lisbonne alors que le même trajet avec Brussels Airlines coûte en moyenne 1000 euros, soit le double, n’a pas arrangé les choses.
Quelles conséquences pour la Guinée et les Guinéens ?
Avec la disparition de Brussels Airlines dans le ciel guinéen, Air France restera pour le moment le seul maître à bord avec des concurrents moins forts que sont la Royale Air Maroc (RAM) et la TAP, la compagnie portugaise qui vient à peine de commencer ses activités en Guinée.
Les nombreux voyageurs du vieux continent européen depuis Bruxelles vers la capitale Conakry devront probablement débourser plus pour leurs tickets avec un temps de voyage plus long et des conditions moins avantageuses.
Quant à Air France, les voyageurs devront se rendre d’abord à Paris par train avant d’embarquer pour Conakry depuis l’aéroport de Charles De Gaulle. Des difficultés étaient déjà signalées par les voyageurs qui passent par Paris avec les bagages qui arrivent en retard à Conakry pour le vol aller.
Pour le vol retour, Air France rend les bagages à leurs propriétaires une fois arrivée à Paris alors que ceux-ci ne sont pas à leur destination finale. Ce qui crée beaucoup de frustration et justifiait le choix de Brussels Airlines.
Les Guinées du Benelux, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, de l’Espagne qui jadis ralliaient Conakry via Bruxelles vont devoir s’armer du courage et de patience.
En Guinée, la suppression des vols de Brussels Airlines a des conséquences que regrette madame Daenen : « malheureusement, ce changement signifie également que nous devons mettre fin aux contrats de 14 collègues locaux. »
A cette perte de 14 emplois directs pour les Guinéens à Conakry, il faut ajouter la perte d’emplois indirects liés aux différents sous-traitants.
Le dernier vol Bruxelles-Conakry a eu lieu le 19 mars dernier et les clients ayant des tickets valables vont recevoir des propositions de la part de la compagnie : « Nous contactons les clients concernés par ces annulations de vol et nous leur offrons une autre solution » rassure madame Daenen.
En outre, cela va représenter pour l’Etat guinéen une perte de rentrée d’argent liées aux différentes taxes aéroportuaires et autres impôts.
Enfin, pour les riverains de l’aéroport International de Conakry Gbessia, il y aura moins de nuisance sonore et moins de pollution de l’environnement même si la compagnie ne comptait que 3 vols par semaine en destination de la Guinée.
Brussels Airlines desservait Conakry par 3 fois dans la semaine depuis 2002, le début de la compagnie. Avant, la destination était desservie par son prédécesseur Sabena. La fin d’un long partenariat qui a duré 18 ans…
Guineenews