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Vaccin anti-Covid-19 : la Guinée essaie le Spoutnik V russe

PILOTE. La campagne de vaccination n’est pas lancée, mais le gouvernement s’est mis en branle avec 60 doses du Spoutnik V utilisé à titre expérimental.

En Afrique subsaharienne, l’heure n’est pas encore à la vaccination, mais la Guinée a entamé ce mercredi 30 décembre des séances de vaccination contre le nouveau coronavirus, à titre expérimental, à l’aide du vaccin russe Spoutnik V. Image à l’appui, le ministre de la Défense, Mohamed Diané, scientifique de formation, a été le premier à recevoir le vaccin mis au point par le centre national russe d’épidémiologie et de microbiologie Gamaleïa, a indiqué l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS).

Le choix d’une période d’essai

La Guinée a fait le choix de vacciner dans un premier temps un petit nombre de volontaires d’un certain âge, a expliqué à l’Agence France-Presse le chargé de communication de l’ANSS, Sory II Kéira. La Guinée a obtenu 60 doses de vaccin, a-t-il précisé. Après cette phase pilote, les autorités guinéennes décideront d’étendre ou non la vaccination, a-t-il ajouté sans évoquer d’échéance. « L’exemple par le haut », a écrit le ministre de la Défense sur sa page Facebook en regard d’une photo de lui recevant en maillot de corps l’injection dans l’épaule. « En tant que généticien, je fais entièrement confiance au progrès de la recherche et de la science. Nous vaincrons la pandémie, tous ensemble ! » a-t-il ajouté.

L’approvisionnement par le réseau Covax ou par des accords bilatéraux

Le pari est loin d’être gagné pour les autorités guinéennes qui affirmaient il y a encore quelques semaines ne pas avoir fait de choix sur la stratégie vaccinale. « Pour le moment, la Guinée n’a pas fait de choix de vaccin, a affirmé le directeur général de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire, Sakoba Keita. On s’est inscrit dans le réseau Covax piloté par Gavi. Vous savez, c’est Gavi qui finance notre programme élargi de vaccination. Donc c’est à travers eux que nous allons être approvisionnés en vaccins parce qu’ils ont mobilisé des ressources pour payer pour un certain nombre de pays au nombre de 92, dont la Guinée. Mais ils attendent toujours que l’OMS valide un certain nombre de vaccins », poursuit-il dans les colonnes d’Africaguinée.com. Précision : la Guinée a choisi de tâter également une autre voie, celle de voir avec les pays fabriquant du vaccin, notamment la Russie.

En effet, Covax est un mécanisme international, créé cet été par l’Organisation mondiale de la santé, et qui doit permettre d’acquérir 51,6 millions de vaccins supplémentaires. C’est justement Covax qui négocie avec les laboratoires une répartition équitable des vaccins. Il s’est donné l’objectif de fournir au moins 2 milliards de doses d’ici à la fin 2021 pour vacciner 20 % des personnes les plus vulnérables dans 92 pays pauvres et à revenus intermédiaires.

Cela dit, le temps presse et, si les pays développés sont passés les premiers sur la liste des clients des laboratoires, les pays en développement pourraient, eux, ne recevoir les vaccins que dans un délai de deux ans, voire plus selon plusieurs études. Constatant que les financements ne progressent pas aussi vite que prévu, certains États africains ont donc commencé à négocier des accords bilatéraux avec certains pays, comme la Chine et la Russie, pour obtenir des vaccins.

Le Spoutnik V dans la géopolitique des vaccins

La Russie a commencé à injecter le Spoutnik V le 5 décembre, à des travailleurs à risque. Les autorités tablent sur le vaccin pour enrayer la progression du mal qui a fait de la Russie l’un des pays les plus touchés au monde. Avant la Guinée, le Bélarus, voisin de la Russie, mais aussi l’Argentine ont annoncé commencer à vacciner avec le Spoutnik V. La Guinée a déclaré plus de 13 000 cas de contamination et 80 décès à cause du nouveau coronavirus. Plusieurs personnalités politiques ont ainsi succombé.

L’intérêt de la Guinée pour le Spoutnik V doit être appréhendé à l’aune de l’histoire même de la Guinée. En effet, il faut se rappeler que l’Union soviétique a été parmi les premiers soutiens de la jeune Guinée indépendante, en 1958. Ces dernières années, la Russie a opéré un retour en force dans la coopération économique, sanitaire et militaire. En 2018, les médecins russes présents sur la base du Centre médical russo-guinéen de Kindia ont élaboré une nouvelle version du vaccin contre le virus Ebola.

Des stratégies diverses face à l’approvisionnement en vaccins

Il existe également d’autres pistes pour le continent africain. L’Union africaine a pris l’engagement de vacciner au moins 60 % de la population en comptant sur la mobilisation de 12 milliards de dollars venant de l’initiative Covax, d’une part, mais aussi de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement, d’autre part. Mais d’autres approches sont encore possibles, comme celle du Maroc. Le royaume chérifien a choisi de négocier directement avec le laboratoire chinois Sinopharm et le britannique AstraZeneca pour sa campagne de vaccination.

En attendant, selon les estimations des autorités sanitaires guinéennes, le pays aurait besoin de plus de 2 millions de doses de vaccin pour faire face à la vaccination de masse des populations à la base. Le chef de l’État guinéen, Alpha Condé, sera lui-même vacciné dans les prochains jours. La crise sanitaire a coïncidé avec des mois de crise politique causée par la candidature du président Alpha Condé, depuis réélu, à un troisième mandat consécutif. Les défenseurs des droits humains ont accusé le pouvoir de se servir du prétexte pandémique pour réprimer la contestation, ce que les autorités ont réfuté. La Guinée avait été sévèrement éprouvée par la fièvre hémorragique due au virus Ebola. Celle-ci y avait fait 2 500 victimes entre fin 2013 et 2016.

Par Le Point Afrique

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