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Afrique: le prix médian d’un gigaoctet de données mobiles est le plus cher du monde

En Afrique subsaharienne, le prix médian d’un gigaoctet de données mobiles est le plus cher du monde (3,3% du revenu mensuel par hab).

(Agence Ecofin) – Au sud du Sahara, les internautes paient les données mobiles plus cher que dans les autres régions du monde. Le déficit d’infrastructures, le manque de concurrence, les habitudes de consommations et les cadres réglementaires rigides sont en cause. 

Le prix médian d’un gigaoctet (Go) de données mobiles en Afrique subsaharienne s’élève à 3,3% du revenu mensuel par habitant, soit le taux le plus élevé à l’échelle mondiale, selon un rapport publié le 3 mars dernier par le think tank américain Atlantic Council en collaboration avec le think tank marocain Policy Center for the New South.

Le rapport précise également que ce taux se situe largement au-dessus du seuil maximal de 2% du revenu mensuel par habitant fixé par les Nations unies dans ce domaine.

Neuf pays d’Afrique subsaharienne seulement figurent parmi les pays du monde dont les habitants dépensent en moyenne moins de 2% de leur revenu mensuel pour bénéficier d’un gigaoctet de données mobiles, alors que les habitants de huit autres pays de la région (République centrafricaine, Tchad, Zimbabwe, Guinée équatoriale, Burundi, Togo, Liberia et République démocratique du Congo) sont obligés d’y consacrer plus de 10% de leur revenu mensuel.  

Sur les dix pays où le prix médian d’un gigaoctet de données mobiles est le plus cher au monde, cinq se trouvent au Sud du Sahara.

Intitulé « Critical Connectivity : Reducing the Price of Data in African Markets », le rapport révèle d’autre part que le prix médian d’un gigaoctet de données mobiles dans les pays d’Afrique subsaharienne a atteint 4,47 dollars en 2022, contre 4,09 dollars en Amérique du Sud, 2,72 dollars en Europe de l’Ouest et 1,47 dollars en Asie, d’après une étude comparative réalisée par l’Alliance pour un internet abordable (Alliance for Affordable Internet/A4AI).

La concurrence tire les prix vers le bas

Quatre facteurs expliquent les prix élevés de l’Internet fixe et mobile en Afrique subsaharienne. Il s’agit en premier lieu du déficit des infrastructures de télécommunications.

Selon les données de la Banque mondiale, environ 45 % des habitants de la région se trouvent à plus de 10 kilomètres d’une connexion par fibre optique, ce qui représente un taux plus élevé que dans l’ensemble des autres régions du monde.

La commission des Nations Unies sur le haut débit a, quant à elle, évalué les investissements nécessaires pour généraliser l’accès à Internet haut débit en Afrique subsaharienne à 109 milliards de dollars. 80 % de ces investissements concernent le déploiement des infrastructures, dont le déploiement de 250 000 antennes-relais et de 250 000 kilomètres de fibre optique supplémentaires.

Le niveau de concurrence sur le marché des télécommunications constitue également un facteur déterminant du coût des données mobiles. En effet, les études montrent qu’il y a une relation inverse entre le nombre d’opérateurs mobiles actifs dans un pays et le prix moyen d’un gigaoctet de données mobiles. Autrement dit, plus la concurrence est élevée sur un marché, moins les données mobiles y sont coûteuses.

L’étude comparative de l’Alliance pour un internet abordable montre que la différence de prix entre les marchés où un opérateur est en situation de monopole et les marchés comptant deux opérateurs peut atteindre 7,33 dollars par gigaoctet de données mobiles.

Une autre étude réalisée par le groupe bancaire panafricain Ecobank confirme cette corrélation entre l’augmentation de la concurrence et la baisse des prix des données mobiles au sud du Sahara: le prix médian d’un gigaoctet est plus élevé dans les pays où deux opérateurs seulement sont en activité (13,03 dollars en moyenne) que dans les pays  où trois opérateurs se partagent le marché (9,17 dollars), et les pays sur lesquels quatre opérateurs ou plus se livrent à une concurrence acharnée (5,25 dollars).   

Assouplir les politiques fiscales

Par ailleurs, les cadres réglementaires régissant le secteur des télécommunications peuvent avoir un effet sur les prix des données mobiles. L’impact le plus significatif est celui de la politique fiscale adoptée par les gouvernements, comme les taxes sur la valeur ajoutée sur les produits et les services des TIC tels que les téléphones portables et la commercialisation des données mobiles.   

D’autre part, les habitudes de consommation peuvent avoir un impact considérable sur les coûts unitaires. Alors que les consommateurs des pays développés achètent des forfaits de données mobiles volumineux ou illimités qui encouragent les opérateurs à casser les prix, la plupart des consommateurs optent pour des petits forfaits à la carte. 

Alors que le trafic mensuel moyen de données mobiles en Afrique subsaharienne devrait quasiment tripler d’ici 2027 pour dépasser 10 gigaoctets par utilisateur contre 3,66 gigaoctets en 2022 et 0,72 gigaoctet en 2016, Atlantic Council recommande aux pays d’Afrique subsaharienne de s’inspirer de plusieurs expériences réussies en Asie et en Amérique Latine. A titre d’exemple, le Cambodge a fait passer le prix médian d’un gigaoctet de données mobiles de 4,56 dollars en 2013 à 0,13 dollar en 2019, en ouvrant son marché à la concurrence et en investissant massivement dans les infrastructures. En 2018, ce pays comptait sept opérateurs proposant des abonnements aux réseaux mobiles à haut débit et 30 fournisseurs d’internet fixe à haut et très haut débit, contre un seul opérateur public en 2013.

Une baisse des tarifs des données mobiles est d’autant plus nécessaire en Afrique subsaharienne que les projections de l’Union internationale des télécommunications (UIT) montrent que 44 millions de nouveaux emplois pourraient être créés dans la région si la pénétration d’internet grimpe à 75 % contre environ 33 % en 2021.  

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