Conakry, le 26 avril 2020 – Le Premier ministre confirme avoir reçu, en date du 21 avril 2020, des commentaires de la Banque mondiale sur le plan de riposte du Gouvernement. Ces commentaires suscitent de très nombreuses réactions dans la presse. Ainsi, pour éclairer l’opinion et garantir la transparence dans la gestion des affaires publiques économiques, la Primature tient à apporter des clarifications sur les points suivants :
I. Sur la faiblesse de la projection anticipée de la croissance économique :
1. L’hypothèse retenue dans le plan de riposte économique du Gouvernement est une contraction (ou baisse) de « seulement » 0,7% du PIB. Nos partenaires de la Banque mondiale estiment, sans donner d’estimation quelconque, que cette projection est timide et de ce fait la pandémie devrait affecter plus négativement la croissance économique.
La Primature assume, et a déjà eu l’occasion de le dire, que le plan de riposte du Gouvernement repose sur des hypothèses conservatrices. Dans son discours du 6 avril, le Premier ministre a indiqué que le Gouvernement ne souhaitait pas faire des annonces fantaisistes. Il fallait de ce fait reposer le plan de riposte sur des hypothèses macroéconomiques réalistes et crédibles.
Ainsi cette première phase du plan de riposte couvre la période d’avril à décembre 2020, avec une sortie de crise projetée pour juin 2020. Le Premier ministre a par ailleurs fait remarquer que le plan de riposte st conçu dans une perspective dynamique, donc sujet à ajustement au fur et à mesure de l’évolution de la crise. La plupart des pays procèdent ainsi. L’Allemagne, par exemple, dont le premier plan date d’il y a plus d’un mois, vient de le compléter par des mesures additionnelles cette semaine.
Aucun Gouvernement, aucune institution (y compris la Banque mondiale), ne peut aujourd’hui prédire avec une marge d’erreur tolérable ce que devrait être la dimension de l’impact négatif de la crise sanitaire sur l’activité économique. Des projections macroéconomiques plus robustes provenant d’institutions aussi crédibles que le Fonds monétaire international (FMI) et l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) ont déjà été revues plusieurs fois en l’espace de quelques semaines, signe de la difficulté de l’exercice.
2. C’est à dessein que le détail opérationnel du fonctionnement du fonds spécial COVID19 n’a pas été indiqué dans le plan, parce que le plan de riposte n’est pas le lieu d’un tel exercice, lequel les ministères compétents, en l’occurrence l’économie, le budget et la Banque centrale de la République de Guinée (BCRG), sont en train de travailler.
3. Pour ce qui concerne le fonds destiné à appuyer les groupements d’intérêt économique (GIE), il reste clair qu’un travail d’évaluation est en cours. Une remontée d’informations est attendue des ministères et institutions en charge (finances, BCRG, APIP, notamment) pour arbitrage final du Premier ministre.
II. Sur la protection sociale, en particulier sur le plan d’urgence de l’ANIES :
La composante sociale du plan d’urgence du Gouvernement est portée par l’Agence nationale d’inclusion économique et sociale (ANIES), qui est soutenue, et nous nous en réjouissons, par la Banque mondiale à hauteur de 70 millions de dollars américains.
1. Les observateurs noteront que la Banque est ainsi le principal bailleur de fonds de la composante sociale du plan de riposte à travers l’ANIES. C’est à ce titre que les délais des procédures ont été raccourcis par la banque mondiale en vue du passage du dossier dès le mois prochain au conseil d’administration.
2. Comme indiqué dans le plan de riposte, le plan d’urgence de l’ANIES est financé par les économies réalisées par l’Agence sur son budget 2019, la réaffectation de 70% de son budget 2020 ainsi que par une partie du financement de la Banque mondiale et un apport du Gouvernement des Émirats arabes unis. C’est donc à ressources constantes que l’ANIES assure le financement de la composante sociale du plan de riposte économique du Gouvernement.
3. Pour ce qui concerne les transferts monétaires de l’ANIES, il est confirmé que les dits transferts concernent les zones pilotes (une préfecture par région administrative et la zone spéciale de Conakry). Le détail concernant les mécanismes de réalisation des transferts est en cours de finalisation, à la lumière de la collecte de données économiques et sociales déjà réalisée par l’Institut national de la statistique (INS) et de la procédure de digitalisation en cours auprès de la multinationale française IDEMIA.
Il convient également de rappeler que sur le budget total de 439 milliards GNF, les transferts monétaires représentent à eux seuls 428 milliards GNF, soit 97% du budget total. Le Gouvernement confirme que, à compter de ce mois de juin 2020, 240 000 ménages (soit 1,6 million de Guinéens) toucheront 25 dollars par mois et par ménage sur les ménages pilotes identifiées. Si davantage de ressources venaient à être mobilisées, des zones autres que celles actuellement identifiées seraient ajoutées au nombre des bénéficiaires.
III. Sur l’estimation du secteur de l’énergie :
Le plan de riposte accorde la gratuité de l’eau et de l’électricité aux abonnés au tarif social.
La Primature a constaté, avant même la réception des commentaires de la Banque mondiale, que les données fournies par le ministère chargé de l’énergie sont erronées. Dès la publication (nécessitée par l’urgence) du plan, le cabinet du Premier ministre a parallèlement demandé à EDG de revoir les données et de fournir des éléments précis sur le nombre d’abonnés au tarif social, les montants théoriques facturés et les montants effectivement recouvrés. Ce travail de reprofilage a permis, à la date du lundi 20 avril 2020, soit avant le courrier de la Banque mondiale, de situer le niveau de la prise en charge de la gratuité pour les abonnés au tarif social de l’électricité à 126 milliards GNF (et non 456 milliards GNF comme précédemment indiqué par le ministère de l’énergie) pour le trimestre couvert par le plan de riposte. Ce chiffre de 126 milliards GNF est maintenant confirmé dans le plan de riposte et met en cause l’estimation elle-même erronée contenue dans les commentaires de la Banque mondiale.
En conclusion, les insinuations suivant lesquelles la Banque mondiale aurait rejeté le plan de riposte économique du Gouvernement sont absolument fausses et infondées. Il y a lieu de rappeler que la composante sociale du plan de riposte est financée à hauteur de 30 millions de dollars (sur les 45 millions du plan d’urgence de l’ANIES) par la Banque mondiale.
Par ailleurs, en guise de soutien encore plus fort du plan, la Banque mondiale a demandé aux autres projets à capacité de décaissement faible d’orienter une partie de leurs ressources vers l’ANIES.
La Primature rappelle enfin qu’un plan de riposte économique a un caractère dynamique, et que ses hypothèses continueront d’être ajustées sur une base bimensuelle en fonction de l’évolution de la crise sanitaire et de la situation économique.
Transmis par la Cellule de Communication du Gouvernement