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Coup d’Etat/En Guinée, le putschiste Doumbouya donne des gages

Mamady Doumbouya, président de la transition guinéenne lors de sa cérémonie d’investiture, à Conakry, le 1er octobre. (CELLOU BINANI/AFP)

Le colonel, tombeur d’Alpha Condé, a désigné mercredi un Premier ministre civil consensuel pour le seconder dans la conduite de la transition.

Un coup d’Etat n’est jamais propre, mais celui mené par le colonel Mamady Doumbouya en Guinée se déroule, pour l’instant, presque sans accroc. L’ex-commandant du Groupement des forces spéciales qui a renversé Alpha Condé le 5 septembre a promis, lors de sa cérémonie d’investiture comme président de la transition, que «ni [lui] ni aucun membre des organes de la transition ne sera candidat aux élections à venir». Il s’est engagé à rendre le pouvoir aux civils à l’issue de cette transition. La Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui fait traditionnellement office de médiatrice dans le sillage des coups d’Etat, exige qu’elle n’excède pas six mois.

Le nouvel homme fort du pays ne s’est pas prononcé sur ce délai mais la junte a publié le 27 septembre une «charte de la transition» qui prévoit que sa durée «sera fixée de commun accord entre les forces vives de la nation» et le Comité national du rassemblement pour le développement, le nom officiel de la junte. Sa feuille de route, ambitieuse, prévoit rien de moins qu’une «refondation de l’Etat», la rédaction d’une nouvelle Constitution, la lutte contre la corruption, la réforme du système électoral, la refonte du fichier électoral, l’organisation d’élections «libres, crédibles et transparentes» et la «réconciliation nationale». Vaste programme pour le court semestre couperet de la Cédéao. D’autant qu’un nouvel organe législatif, le Conseil national de la transition, composé de 81 membres proposés par les partis politiques, la société civile, les syndicats, le patronat et les forces de sécurité, aura pour tâche d’élaborer la nouvelle loi fondamentale.

Profil «au-dessus de la mêlée»

Mamady Doumbouya a effectué un nouveau pas prudent, mercredi, en nommant un Premier ministre civil pour piloter la transition : Mohamed Béavogui, 68 ans, diplomate spécialiste des questions de développement. Un profil apolitique et réputé «au-dessus de la mêlée», selon Ibrahima Diallo, l’un des responsables du Front national pour la défense de la Constitution, coalition citoyenne qui s’était formée pour faire barrage au troisième mandat d’Alpha Condé : «Béavogui est un homme expérimenté et intègre, qui jouit à la fois de la confiance de l’opinion guinéenne et peut être un interlocuteur pour la communauté internationale, explique-t-il. Par ailleurs, il est originaire de la région de la Guinée forestière, ce qui tranche avec les années Alpha Condé et est très important pour le respect des équilibres communautaires nationaux.»

En désignant ce technocrate consensuel, le chef de la junte «pose un nouvel acte qui rassure», estime Ibrahima Diallo, après la libération de«plus de 200 détenus politiques» survenue quelques jours après le putsch. L’ancien caporal de la Légion étrangère évite surtout, pour le moment, les sujets qui fâchent : la durée de la transition, l’organisation des élections et la nomination des membres du Conseil national de la transition. Sur ces trois dossiers qui suscitent autant d’espoirs que d’inquiétudes, Mamady Doumbouya sait que le moindre de ses gestes sera décortiqué pour juger de sa bonne foi.

Liberation.fr

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