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GÉOPOLITIQUE. Les Espagnols disent merci au Brexit

Depuis 1713, Madrid réclame le retour de Gibraltar à l’Espagne. Le Brexit a rapproché comme jamais auparavant cette hypothèse.

Ce matin, parlons de Gibraltar. Pour une raison qui est très liée à l’actualité d’aujourd’hui, à savoir l’accord post-Brexit sur le point d’être signé entre l’Union européenne et la Grande-Bretagne.

En fait, de ces négociations, tout le monde a oublié quelques angles morts pourtant très importants pour au moins trois pays.

Et parmi eux, l’Espagne qui depuis 1713 et le Traité d’Utrecht, a une frontière terrestre avec le Royaume-Uni. En l’occurrence le rocher de Gibraltar, territoire britannique d’outremer (c’est le nom de son statut officiel) mais surtout terroitoire réclamé par l’Espagne et ce quasiment depuis son annexion.

Or l’appartenance de la Grande-Bretagne puis de l’Espagne à l’Union européenne ont beaucoup apaisé des tensions qui étaient allées jusqu’à blocus total du “Peñon”, comme on dit en espagnol lorsqu’on parle de Gibraltar, entre 1969 et 1982. Le Brexit pouvait tout remettre en cause.

L’Espagne a donc obtenu, au lendemain du référendum de 2016, de négocier en direct avec Londres le futur statut de Gibraltar. Des négociations qui ont abouti hier soir et qui laissent pantois, tant leur résultat est inespéré pour Madrid.

Les Britanniques devront sortir leur passeport

En fait, Madrid a obtenu ni plus ni moins de Londres de détacher Gibraltar de la Grande-Bretagne. En clair, Gibraltar entrera au 1er janvier prochain dans le système de libre circulation dit de Schengen, pourtant strictement réservé aux pays de l’Union européenne.

Autrement dit, les Espagnols pourront entrer sans passeport ni contrôle dans ce réduit britannique aux confins de l’Andalousie mais par contre les Britanniques qui voudraient rendre visite aux singes de Gibraltar devront montrer leurs passeports et les faire dument tamponner.

Ce que trois siècles de rodomontades, d’affrontements et de blocus n’étaient jamais parvenus à obtenir, le Brexit y est arrivé quelques mois et une négociation ; à savoir un début d’abandon de souveraineté de Londres sur sa dernière colonie européenne.

L’Irlande du Nord plus proche que jamais de Dublin

Au côté de l’Espagne, l’Irlande et Chypre ont aussi obtenu le droit de négocier directement avec Londres… Avec le même résultat : Dublin a ainsi obtenu que l’Irlande du Nord, pourtant membre constitutif du Royaume Uni, soit exemptée de Brexit.

Ce qui était un chiffon rouge pour les Brexiteurs, à savoir que l’Irlande du Nord soit désolidarisée du reste du Royaume-Uni, se termine par une défaite en rase-campagne et une perte de souveraineté : la frontière du Brexit passera au milieu de la mer d’Irlande et l’île sera réunifiée commercialement sous l’égide de Dublin.

Là-encore : ce que la Révolution et l’indépendance irlandaise n’était pas parvenu à arracher dans les années 20 du siècle dernier, le Brexit l’a fait et quelques mois de négociations. Ireland 12 points ; Irlande 12 points !

Même constat pour Chypre : la Grande-Bretagne y possède des bases militaires souveraines. A compter du 1er janvier, ces terres sortiront donc de l’Union européennes.

Avec cette question en suspens : l’euro continuera-t-il d’y être la monnaie officielle ? Réponse oui ! Ce qui fait qu’un bout de territoire britannique est bel et bien passé à l’Euro.

Et encore, je ne parle pas du problème écossais qui va très vite sauter au visage de Londres ! Autrement dit, voilà un vote, le Brexit, dont les défenseurs assurait qu’il allait redonner la maitrise de ses frontières à la Grande-Bretagne et qui est en train de lui coûter des pans entiers de souveraineté.

Franceinter/Anthony BellangerJournaliste et chroniqueur éditorialiste international

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