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Les serpents de Pastoria en Guinée

Naby Camara vient de capturer un mamba vert, l’un des serpents les plus dangereux d’Afrique. © RFI/Carol Valade

À l’heure de la résurgence de l’épidémie d’Ebola, focus sur l’Institut de recherche biologique appliquée de Guinée (Irbag), dans la région de Kindia à 135 km de Conakry. Il est situé sur le domaine de l’ancien institut Pasteur, fondé en 1922, par le docteur Calmette à qui l’ont doit notamment le vaccin contre la tuberculose. C’est un bijou d’architecture coloniale, ses archives regorgent de trésors pour les historiens. Aujourd’hui, ses recherches, supportées par la coopération russe, portent sur les virus, comme Ebola ou le Covid-19. Mais il est surtout connu par les habitants de la région pour être le seul lieu où l’on soigne les morsures de serpents, qui tuent près de 30 000 personnes par an en Afrique subsaharienne, selon des estimations. Par RFI.

Naby Camara, chasseur de serpents, traque les reptiles accompagné de Martin Milimono. « Il faut être prudent et bien regarder par terre », nous conseillent les deux hommes. « Nous avons trouvé un mamba vert, c’est l’un des serpents les plus dangereux de l’Afrique. » Naby Camara le sait bien, « il a été mordu et il ne lui reste plus que quatre doigts à cette main. »

Il n’a pourtant rien perdu de sa dextérité : en un tour de main, l’affaire est dans le sac. « La prise est belle : un adulte de 2m10 », nous dit-il. Le serpent rejoint ainsi l’impressionnante collection du professeur Cellou Baldé. « Il suffit simplement de l’approcher pour qu’il happe et que le venin se mette à couler », nous explique le professeur.

Utilisé dans l’industrie cosmétique ou dans la confection de sérums, un gramme peut être vendu jusqu’à 2 000 dollars. Les échantillons sont envoyés au Mexique pour séquençage. « Voilà le serpent le plus dangereux, c’est le Mamba noir», nous montre Cellou Baldé qui fût marqué par le décès d’une fillette sous ses yeux. Il décida alors, en 1995, de se consacrer à l’étude des reptiles. Il traite désormais, chaque année, plus de 500 victimes de morsures.

« En Guinée, on rencontre toutes les espèces susceptibles d’être rencontrées en Afrique, ne serait-ce qu’au sud du Sahara. C’est pour cela que nous disons très souvent, qu’en ce qui concerne la faune des serpents, la Guinée est ‘l’Afrique en miniature’ », nous apprend notre expert.

La tradition remonte au temps de la colonisation, précisément à la création de l’institut Pasteur de Kindia, en 1922. L’objectif était d’élever des chimpanzés pour servir de cobaye, comme en témoigne, ce monument au mort sur lequel on retrouve cette inscription : « Ici, repose Tarzan, le chimpanzé serviteur de la science ».

« L’Afrique de l’Ouest était un réservoir de primates », nous explique le professeur Mamadou Yero Boiro, directeur général de l’Irbag. « On les embarquait dans des bateaux, certains étaient envoyés jusqu’en Amérique latine. »

À l’indépendance, le centre est nationalisé et la coopération soviétique prend le relais. En 2014, au plus fort de l’épidémie d’Ebola, elle y installe un laboratoire ainsi qu’un centre de traitement. Avec la résurgence d’Ebola, le centre pourrait redoubler d’activité.

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