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Guerre civile. Une Afrique impuissante assiste à “l’enlisement continu du Soudan”

Une femme soudanaise attendant , le 15 août 2023, la distribution de rations alimentaires dans le camp d’Orang, proche de la ville d’Adré, dans l’est du Tchad. Selon MSF, 358 000 réfugiés soudanais sont arrivés dans cette ville depuis le début de la guerre civile, le 15 avril. PHOTO MOHANED BELAL/AFP

Depuis quatre mois, la guerre civile au Soudan a fait 3 900 morts et poussé plus de 4 millions de personnes à la fuite, écrit “Le Faso”. Le 18 août, les combats se sont propagés à deux villes très peuplées. Face à cette tragédie, l’Afrique échoue à offrir une médiation.

Source: Courrier international avec LeFaso

Depuis le 15 avril, des affrontements ont éclaté entre deux factions militaires rivales, dirigées par les deux hommes à l’origine du putsch d’octobre 2021. Il s’agit d’une part des Forces armées soudanaises (SAF), pilotées par le général Abdel Fattah Al-Burhan, au pouvoir après le putsch, et d’autre part, les Forces de soutien rapide (RSF) du général Mohamed Hamdane Daglo, dit “Hemeti”.

Au Soudan, la guerre civile s’étend à deux villes du Kordofan.
Au Soudan, la guerre civile s’étend à deux villes du Kordofan. COURRIER INTERNATIONAL

Si jusque-là l’essentiel des combats s’est déroulé dans la capitale, Khartoum, avec des habitants qui paient un lourd tribut, la guerre vient de prendre une autre ampleur, en gagnant deux nouvelles villes fortement peuplées [Al-Facher, au Darfour, et Al-Foula, dans le Kordofan, ont été, mi-août, le théâtre de combats à l’arme lourde]. Ce qui aggrave la situation pour les habitants de ces zones, qui accueillaient déjà les populations en détresse qui ont fui la capitale.

“500 enfants tués par la faim”

Selon Save the Children, organisation non gouvernementale, ce sont au moins 498 enfants, et probablement des centaines d’autres encore, qui sont morts de faim en quatre mois de guerre au Soudan. “Dans un pays où, avant la guerre, un habitant sur trois souffrait de la faim, des enfants meurent de faim alors que cela aurait pu être évité. […]. Nous n’aurions jamais imaginé voir autant d’enfants mourir de faim, mais c’est la nouvelle réalité du Soudan. Et la situation pourrait empirer, car Save the Children, incapable d’opérer au milieu des combats, a dû cesser de traiter 31 000 enfants souffrant de malnutrition. En mai, l’usine dont sortaient 60 % des traitements nutritionnels pour enfants a été détruite”, s’alarme le directeur de Save the Children au Soudan, Arif Noor, dans un communiqué rendu public mardi 22 août.

C’est dans l’impuissance que les États et institutions africains assistent, quatre mois après les premiers affrontements, à l’enlisement continu du Soudan, avec ce visage pernicieux au plan humanitaire. Depuis lors, et selon plusieurs médias internationaux, la crise a fait dans la capitale plus de 3 900 morts et poussé plus de 4 millions de personnes à la fuite. Pire, depuis le 18 août, les affrontements ont gagné deux villes fortement peuplées et jusqu’ici épargnées, Al-Facher et Al-Foula, contraignant les populations à fuir les massacres.

Une Afrique “aphone”

Dans ce triste environnement où l’Afrique, à travers notamment ses organisations sous-régionales, régionales et continentales, semble “aphone” par rapport à l’ampleur des souffrances et au drame humain, des ‘’volontés individuelles’’ n’ont pas manqué.

Outre l’initiative du voisin du Nord, l’Égypte, le Togo, sous le leadership de son président Faure Gnassingbé, et de plus en plus également dans la diplomatie de pacification, a ouvert, fin juillet, des consultations en vue de ramener la paix. Cette médiation togolaise au Soudan, qui vient après le succès de celle qu’il a entreprise entre le Mali et la Côte d’Ivoire dans l’affaire des “soldats ivoiriens”, se liste aux côtés de celles entamées également par les États-Unis, l’Arabie saoudite et l’Organisation des nations unies.

La crise au Soudan, qui est en train de prendre de l’ampleur, interpelle la conscience africaine, notamment les institutions et l’élite. Ces crises méritent de sincères mobilisations pour chercher des solutions à la souffrance éternelle dans laquelle sont plongés des millions d’Africains, surtout d’innocents enfants et de vulnérables femmes sur qui pèse tout le poids des misères.

Loin des actions populistes et spectaculaires, aussi lointaines qu’égoïstes. Il faut que les institutions et les élites africaines, ensemble, travaillent à faire partager la souffrance des Africains par des Africains. Cela va raffermir ces relents de solidarité entre peuples (par exemple, l’accueil de populations fuyant des violences par des peuples de pays voisins), qu’il faut ici souligner, saluer et encourager.

Avec la volonté, l’Afrique, forte de sa cinquantaine d’États et de valeurs humaines et sociales avérées, ne peut, en aucun cas, échouer à ramener la paix sur une quelconque portion du continent, pour ainsi permettre à ses habitants d’avoir ne serait-ce que le droit fondamental de vivre dans une sécurité humaine acceptable.

Beaucoup de contrées africaines, autant que leurs occupants, ont vivement besoin de ses mobilisations et attention soutenues pour leur cause.

Oumar L. Ouédraogo

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