INQUIÉTUDES – Le nombre de cas de personnes infectées par le coronavirus a doublé en Afrique l’espace de vingt jours, passant la barre des 200.000 contaminations. L’OMS tire la sonnette d’alarme.
L’Afrique franchit un nouveau cap dans la propagation du coronavirus sur le continent. Au moment où l’Union européenne s’accorde sur la réouverture de ses frontières intérieures, la pandémie de Covid-19 s’accélère en Afrique. La vitesse à laquelle le nombre de cas confirmés de coronavirus y a doublé en moins de vingt jours, démontrant l’accélération de la pandémie sur le continent, a averti jeudi l’Organisation mondiale de Santé (OMS).
Selon un décompte de l’AFP sur la base de sources officielles, la barre des 200.000 contaminations par le nouveau coronavirus en Afrique a été franchie mardi. “Il a fallu 98 jours pour atteindre la barre des 100.000 cas et 18 seulement pour franchir celle des 200.000”, a souligné le Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. “Même si ces cas enregistrés en Afrique représentent moins de 3% du total mondial, il est clair que la pandémie s’accélère” sur le continent, a-t-elle précisé.
70% des décès dans cinq pays
En Afrique, “la pandémie reste concentrée dans et autour des capitales, mais nous voyons de plus en plus de cas en province”, a poursuivi le Dr Moeti qui estime que le virus est entré dans la plupart des pays du continent par les capitales, via les vols internationaux. “Dix des 54 pays d’Afrique” recensent 80% des cas, et l’Afrique du Sud à elle seule 25% d’entre eux, a-t-elle également souligné.
Plus de 70% des décès sont enregistrés dans seulement cinq pays : Afrique du Sud, Algérie, Nigeria, Egypte et Soudan. S’il est possible que certains cas asymptomatiques ou légers passent sous les radars, l’OMS Afrique ne pense pas qu’un nombre important de cas graves ou de décès ne soient pas comptabilisés en Afrique, selon le Dr Moeti.
“Avant que nous ayons accès à un vaccin efficace, je crains que nous devions vivre avec une hausse constante dans la région” – Dr Moeti
La relative jeunesse de la population africaine comparée à celles d’autres continents, et l’expérience acquise dans la gestion d’autres épidémies ont été citées parmi les raisons expliquant le taux de décès en Afrique, inférieur à celui d’autres continents.
Les mesures précoces dans certains pays d’Afrique ont permis de conserver des bilans bas, mais une vigilance constante reste de mise, selon le Dr Moeti. “Avant que nous ayons accès à un vaccin efficace, je crains que nous devions vivre avec une hausse constante dans la région, avec des foyers à gérer dans de nombreux pays, comme c’est le cas actuellement en Afrique du Sud, en Algérie, et au Cameroun, qui nécessitent de très fortes mesures de santé publique”, a-t-elle poursuivi. “Nous espérons sincèrement ne pas voir de systèmes de santé débordés”, a-t-elle conclu.
Dans le monde, le Covid-19 a fait plus de 417.000 morts, et infecté plus de 7,4 millions de personnes. Des chiffres officiels sans doute largement inférieurs à la réalité, selon la communauté scientifique. Les Etats-Unis sont le pays le plus touché, avec 113.209 décès. Suivent le Royaume-Uni avec 41.279 morts, le Brésil en compte 39.680, l’Italie 34.167 et la France 29.346.
Mais en Europe, où les nouvelles hospitalisations et les chiffres des décès sont en chute libre, Bruxelles a préconisé la levée de toutes les restrictions de voyage au sein de l’Union européenne et de l’espace Schengen dès le 15 juin, et la réouverture des frontières extérieures de l’UE dès le 1er juillet aux voyageurs des Balkans occidentaux.
La Commission s’est aussi prononcée pour une réouverture “partielle et progressive” des frontières extérieures de l’UE et de l’espace Schengen après le 30 juin. Le dernier mot sur les frontières appartient toutefois aux Etats, la Commission ne pouvant faire que des recommandations.
LCI