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Suspension de la Banque mondiale, boycott de produits… les propos de Kais Saïed coûtent chers à la Tunisie

Le président de Tunisie Kaïs Saïed  le 25 juillet 2021 lors d’une réunion avec des officiers de la police. AP Photo/Slim Abid

La Banque mondiale a décidé lundi 6 mars de suspendre son cadre de partenariat avec la Tunisie après une montée des exactions contre les migrants africains dans le pays à la suite d’un discours incendiaire du président Kaïs Saïed sur l’immigration illégale. Le pays est déja englué dans une grave crise financière. Des produits tunisiens sont également boycotés par sur le continent africain sans que l’on en mesure encore la portée économique.

Cette suspension de la Banque mondiale “jusqu’à nouvel ordre” du programme de partenariat signifie de facto un gel de tout nouveau financement à la Tunisie, déjà engluée dans une grave crise financière.

Quel est l’impact immédiat de cette mesure de la Banque mondiale  pour la Tunisie?

La direction de la Banque mondiale  a décidé de “mettre en pause” cet accord de partenariat “et de retirer du calendrier la revue du conseil d’administration” (CA) de la Banque mondiale, prévue initialement le 21 mars et “reportée jusqu’à nouvel ordre”.

Cette décision concerne le cadre de partenariat pays (CPF en anglais), qui sert de base de suivi par le Conseil d’administration de la Banque mondiale afin d’évaluer et accompagner le pays dans ses programmes d’aide.

L’institution ne peut pas lancer de nouveaux programmes de soutien avec le pays tant que le CA ne s’est pas réuni, même si “les projets financés restent financés et les projets en cours sont maintenus”, comme l’a précisé une source proche de la Banque mondiale.

Un responsable de la Banque mondiale, parlant sous couvert d’anonymat, a affirmé à l’AFP que cette mesure signifiait que l’octroi de tout nouveau financement à la Tunisie était peu probable “avant que la situation ne se clarifie” et qu’un nouveau CPF soit conclu. Même temporaire, un tel gel “risque d’avoir un très mauvais impact sur la situation financière de la Tunisie”, estime l’économiste tunisien Ezzeddine Saidane.

La Tunisie, endettée à 80% de son PIB à cause notamment du poids de sa fonction publique, doit recourir à l’emprunt pour combler son déficit budgétaire. Elle négocie en outre un prêt de près de 2 milliards de dollars avec le Fonds monétaire international (FMI), qui conditionne d’autres aides internationales dont l’Union européenne, mais les pourparlers patinent.

La Tunisie en attendant s’est tournée vers l’Algérie du président Tebboune et a obtenu une aide financière sous forme de prêts et de dons de plus de 300 millions de dollars. Ce montant reste pour l’instant insuffisant pour combler le budget de l’État tunisien.

“Le budget de l’année 2023 table sur des prêts de 25 milliards de dinars (7,5 milliards d’euros) dont l’équivalent de 5 milliards de dinars (1,5 mds d’euros) provenant de l’étranger. Sans la Banque mondiale, réaliser une telle opération serait très compliquée”, juge l’économiste Ezzeddine Saidane à l’AFP.

Quelles répercussions sur les négociations avec le FMI?

Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie Marouane Abassi a averti en janvier que l’année 2023 serait “compliquée”, dans un contexte de faible croissance (moins de 3%), forte inflation (plus de 10%) et chômage élevé (plus de 15%), sans un accord rapide avec le FMI pour un prêt.
 

Le FMI pourrait hésiter à finaliser un accord qui était déjà controversé maintenant que l’autre grand bailleur, la Banque mondiale, se met en retrait.” Un responsable de la Banque mondiale.

Mais les négociations entre les deux parties semblent faire du surplace depuis un accord de principe annoncé mi-octobre.

Un éventuel accord avec le FMI dépend aussi de certains financements à débloquer par la Banque mondiale, dont la décision de suspendre le programme de partenariat avec la Tunisie pourrait à cet égard constituer un nouveau contretemps dans les négociations.

“Le FMI pourrait hésiter à finaliser un accord qui était déjà controversé maintenant que l’autre grand bailleur, basé (aussi, ndlr) à Washington, se met en retrait“, estime le responsable de la Banque mondiale parlant sous couvert d’anonymat.

 Et maintenant ?

Le gouvernement tunisien n’a toujours pas réagi à la décision de la Banque mondiale.
Pour l’économiste Ezzeddine Saidane, les autorités tunisiennes devraient “trouver un moyen de tourner la page sur cette affaire et de regagner la confiance des institutions financières internationales”.

“La suite dépendra de la réaction du gouvernement”, ajoute-il.
En attendant, les discussions entre la Tunisie et la Banque mondiale pour de nouveaux financements  — notamment un prêt de 20 millions d’euros pour un projet de câble alimentant l’Europe en énergie solaire — sont reportées jusqu’à nouvel ordre.

“Plus la situation perdure, plus la Tunisie perdra des fonds”, avertit le responsable de la Banque mondiale.

Des produits Tunisiens boycottés par des consommateurs africains

Beurre, couscous, dattes, margarine…. De Bamako en passant par Conakry ou Dakar les campagnes de boycott contre le produits tunisiens se multiplient sur les réseaux sociaux sans que l’on puisse encore en mesure l’impact.

C’est ainsi que la société sénégalaise Senico SA a été contrainte de justifier l’origine de l’un de ses produits phares, la margarine Jadida, souligne le mensuel Jeune Afrique.

Senico est partenaire de la société Med Oil Company, une filiale du groupe privé tunisien Poulina Group Holding (PGH). La marque Jadida est tunisienne mais Senico a dû réaffirmer que la margarine Jadida vendu au Sénégal est 100% sénégalaise produite dans son usine, située à Diamniadio. “Notre margarine est un produit 100/sénégalais”, peut-on lire dans un communiqué de l’entreprise.

AFP/ Pierre Desorgues

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