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États-Unis : fin de la discrimination positive dans les universités

Aux États-Unis, la Cour suprême met fin à la discrimination positive dans les universités – ©Jack Gruber-USA TODAY/Sipa USA/SIPA

Les procédures d’admission ne prendront plus en compte l’appartenance raciale des postulants. Biden exprime son «fort désaccord» avec la décision.

Le président américain Joe Biden s’est dit jeudi en «fort désaccord» avec la décision de la Cour suprême qui a mis un terme aux programmes de discrimination positive à l’université, et a appelé les établissements universitaires à ne pas «abandonner» leur engagement envers la diversité.

«Je suis fortement, fortement en désaccord avec la décision de la Cour suprême», qui est revenue sur «des décennies de jurisprudence» a-t-il dit lors d’une allocution télévisée. Les universités «ne devraient pas abandonner leur engagement à garantir que les étudiants aient des expériences diverses qui reflètent toute l’Amérique», a-t-il ajouté.

Demi-tour historique

La très conservatrice Cour suprême des États-Unis a mis un terme jeudi aux programmes de discrimination positive à l’université, un nouveau demi-tour historique un an après son revirement sur l’avortement.

Ses six magistrats conservateurs ont jugé, contre l’avis des trois progressistes, contraire à la Constitution les procédures d’admission sur les campus prenant en compte la couleur de la peau ou l’origine ethnique des candidats.

Beaucoup d’universités «ont considéré, à tort, que le fondement de l’identité d’une personne n’était pas sa mise à l’épreuve, les compétences acquises ou les leçons apprises, mais la couleur de sa peau. Notre histoire constitutionnelle ne tolère pas ça», a écrit le magistrat John Roberts au nom de la majorité.

«En d’autres mots, l’étudiant doit être traité en fonction de ses expériences individuelles, mais pas sur des critères raciaux», ajoute-t-il.

Le président républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a salué jeudi la décision de la Cour suprême des États-Unis de mettre fin aux programmes de discrimination positive à l’université, estimant qu’elle allait rétablir l’«égalité» entre étudiants.

«Maintenant, les étudiants pourront rivaliser sur la base de critères égaux et du mérite individuel. Cela rendra la procédure d’admission à l’université plus juste et confirmera l’égalité devant la loi», a-t-il tweeté.

Après le mouvement pour les droits civiques des années 1960, plusieurs universités très sélectives avaient introduit des critères raciaux et ethniques dans leur procédure d’admission, afin de corriger les inégalités issues du passé ségrégationniste des États-Unis.

«Racisme inversé»

Ces politiques, dites de «discrimination positive», ont permis d’augmenter la part des étudiants noirs, hispaniques et amérindiens mais ont toujours été très critiquées dans les milieux conservateurs, qui les jugent opaques et y voient du «racisme inversé».

Saisie à plusieurs reprises depuis 1978, la Cour suprême avait interdit les quotas, mais avait toujours autorisé les universités à prendre en compte, parmi d’autres, les critères raciaux. Jusqu’ici, elle jugeait «légitime» la recherche d’une plus grande diversité sur les campus, quitte à faire une entorse au principe d’égalité entre tous les citoyens américains.

Jeudi, elle a fait demi-tour, comme elle l’avait fait le 24 juin 2022 en annulant le droit fédéral à l’avortement qu’elle garantissait depuis 1973.

«Plus qu’une place à table»

Sa volte-face a suscité un concert d’applaudissements à droite. «C’est un grand jour pour l’Amérique», «on revient à un système au mérite», a écrit sur Truth Social l’ex-président républicain Donald Trump, artisan de ce revirement puisqu’il a profondément remanié la Cour pendant son mandat.

À l’inverse, le chef démocrate du Sénat Chuck Schumer a dénoncé une «décision mal avisée» qui «met un obstacle gigantesque sur la route vers plus de justice raciale».

Plus mesuré, Barack Obama, premier président noir des États-Unis, a souligné que «la discrimination positive n’avait jamais été une réponse complète au besoin de construire une société plus juste».

Mais elle «a nous a donné une chance de montrer que nous méritions plus qu’une place à table», a-t-il ajouté sur Twitter.

«Rouge à lèvres sur un cochon»

Les critiques les plus vives se sont élevées au sein même de la Cour, dont les trois juges progressistes ont couché par écrit leur profond désaccord avec leurs confrères.

«Six membres non-élus de la majorité ont renversé le statu quo sur la base de leur préférence politique», a écrit en leur nom Sonia Sotomayor. Ils ont préféré «mettre un vernis incolore sur une société où la question raciale a de l’importance et continuera d’en avoir».

Certes, la majorité autorise les universités à prendre en compte «les expériences personnelles» des candidats et l’impact de leur couleur de peau sur leur parcours, mais ça revient à mettre «du rouge à lèvres sur un cochon», a-t-elle asséné.

Apple, Google et GM

Cet arrêt trouve sa source dans une plainte déposée en 2014 contre les plus vieilles universités privée et publique des États-Unis, Harvard et celle de Caroline du Nord.

À la tête d’une association baptisée «Students for fair admission», un militant néoconservateur, Edward Blum, les avait accusées de discriminer les étudiants asiatiques. Ces derniers, qui ont des résultats académiques nettement supérieurs à la moyenne, seraient plus nombreux sur les campus si leurs performances étaient le seul critère de sélection, avait-il plaidé.

Après avoir essuyé plusieurs défaites devant les tribunaux, il s’était tourné vers la Cour suprême qui, ironie du sort, n’a jamais été aussi diverse qu’aujourd’hui avec deux magistrats afro-américains et une hispanique.

Le gouvernement du président démocrate Joe Biden avait plaidé en vain pour le statu quo. «L’avenir de notre pays dépend de sa capacité à avoir des leaders aux profils variés, capables de diriger une société de plus en plus diverse», avait soutenu sa représentante.

La Tribune de Genève

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