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Tuerie de Zowota (N’zérékoré) : « des militaires tiraient comme si c’était une guerre » (rescapé)

Foromo Tokpa KPOGHOMOU, rescapé

Onze (11) ans après la tuerie de Zowota, village situé à 20 km du chef-lieu de la sous-préfecture de Kobéla, dans la préfecture de N’Zérékoré, les victimes continuent de réclamer justice. Malgré la condamnation de la Guinée dans cette affaire par la Cour de justice de la CEDEAO, l’Etat guinéen peine encore à faire face aux victimes dans l’exécution de l’arrêt. En attendant, les victimes se souviennent encore de ce drame qui avait coûté la vie à 5 citoyens, rapporte le correspondant de Guineematin.com basé dans la préfecture.  

Les faits se sont produits dans la nuit du 03 au 4 août 2012, à Zowota (ou Zogota). Des agents des forces de défense et de sécurité sont accusés d’avoir fait irruption dans ce village, tuant au moins 5 personnes, blessant d’autres.

Foromo Tokpa KPOGHOMOU fait partie des victimes, âgé d’une cinquantaine d’années. Interrogé par notre reporter, l’adulte a expliqué ce qu’il a subi. « J’étais couché. C’était aux environs d’une heure (1h) du matin. Ma femme m’a réveillé, me disant qu’il y a des tirs de fusil dans le village. Je lui ai posé la question d’où venait le bruit. Elle a répondu qu’elle ne savait pas, mais que je devais me lever. Soudain, j’ai entendu de nouveau le bruit de quatre tirs de fusil. Je me suis levé rapidement. Je suis sorti pour voir ce qui se passait. J’étais dans une grande incertitude et je me posais la question. Qu’est-ce qu’on a fait ? J’ai vu le village éclairé partout. Je suis retourné dans la chambre en courant. J’ai dit à ma femme que ce n’était pas une blague. Je me suis dit que nous n’avons rien fait de mal pour mériter ceci, donc je vais sortir. Juste à ma sortie de ma maison, j’ai demandé ce qui se passait, quelqu’un m’a répondu que le président du village était déjà mort. C’est là que j’ai demandé à ma femme de me bénir pour sortir, aller, car un homme ne doit pas avoir peur. Je me suis dit que s’ils veulent nous tuer tous, ils vont le faire. Quand je suis venu vers l’orée du village, j’ai vu des gens me dire que le village était attaqué et que personne n’arrivait à sortir pour s’enfuir. J’ai dit que nous ne pouvons jamais fuir de notre terre, nous irons voir ce qui se passe. A ma sortie vers le terrain de football, j’ai vu douze (12) véhicules monter la colline vers le centre du village, des véhicules bien remplis de militaires… Le temps pour nous de descendre la colline, nous avons vu des militaires tirer comme si c’était une guerre. Arrivés au marché, ils ont garé les véhicules toujours en tirant. Et là, je suis sorti pour m’arrêter sur la route en leur demandant ce qu’on avait fait pour mériter ça. Ils ont commencé à tirer sur moi. Ils se disaient que je suis fabriqué par mes parents pour pouvoir les interrompre de faire ce qu’ils sont venus faire. Ils criaient, avançons au village, laissez-le. À ce moment-là, le vieux Nao KOLIE venait et ils ont tiré sur lui aussi. Nous étions maintenant dans beaucoup de difficultés. Je ne sais pas s’ils n’avaient plus de balles ou quoi, mais ils se sont repliés. Ils lançaient des grenades, malheureusement on ne connaissait pas. Ils ont lancé plus de sept (7) grenades et la septième venait vers moi. Je l’ai prise par la main. D’ailleurs, c’est ce qui m’a coupé le doigt, comme vous le voyez bien. Ils sont repartis, car ils avaient fini de tuer ceux qu’ils voulaient massacrer. Je n’avais plus de force car j’étais déjà blessé et on les a poursuivis pour voir le chemin par lequel ils sont rentrés pour nous attaquer » a-t-il expliqué.

Après des tentatives infructueuses en Guinée, sous le régime Alpha Condé, les victimes se sont tournées vers la Cour de justice de la CEDEAO.

Lire Aussi: AUJOURD’HUI : 04 août 2012, plusieurs personnes étaient tuées à Zogota

« Par requête en date du 13 Octobre 2018, enregistrée le 19 Octobre 2018 au greffe de la Cour sous le N°EWC/CCJ/APP/50/18, les victimes ont saisi la Cour de justice d’une action en responsabilité contre la République de Guinée pour violation des droits de l’homme, en l’espèce : le droit à la vie ; le droit de ne pas être soumis à la torture ou autres traitements inhumains cruels, inhumains ou dégradants ; le droit de ne pas subir une arrestation et de détention arbitraire ; le droit à un recours effectif…

A l’issue d’une procédure contradictoire, la Cour a rendu définitivement son arrêt N°EWC/CCJ/JUD/25/20 le10 Novembre 2020, par lequel elle a reconnu la République de Guinée coupable de violation des droits de l’homme sus-cités ; et, au titre de la réparation du préjudice subi, elle a alloué aux victimes « Trois milliards Six Cent Millions (3 600 000 000 de francs guinéens soit (Deux cent vingt-cinq millions de francs CFA (225 000 000) à titre de dommages et intérêts ».

À ce jour, la République de Guinée n’a exécuté aucune disposition de l’arrêt de la Cour de justice et n’a fourni aucun effort pour faire juger les auteurs de cette atrocité », déclarent les avocats des victimes.

Lire Aussi: Massacres de Zogota : Dix ans après, les victimes continuent de réclamer justice…

Guineematin

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