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Simandou avance, l’Australie inquiète de son monopole de minerai de fer en Chine

Malgré les annonces parsemées et le scepticisme des Guinéens, le projet complexe d’exploitation du minerai de fer de Simandou avance. En effet, selon la presse australienne – qui suit ce dossier de près – des images satellites montrent les progrès dans la construction des infrastructures minières, du chemin de fer et du port, qui prévoit de commencer à expédier du minerai vers la Chine d’ici 2025.

L’intérêt de l’Australie dans ce projet vient du fait que le pays anglosaxon du Pacifique est présentement le premier fournisseur au premier consommateur de minerai de fer au monde: la Chine. Le fait que le géant de l’acier BaiDu qui attendait à l’ombre derrière Winning Consortium Simandou – ait repris les choses en mains – indique que les inquiétudes financières ne sont plus un obstacle majeur, étant donné la capacité de Baidu dans le domaine de l’acier, cette compagnie ne trouvera aucune difficulté à trouver le financement de plusieurs milliards de dollars. Et les intérêts chinois sont bien représentés car l’autre partie prenante de ce projet est la multinationale minière anglo-australienne Rio Tinto qui d’ailleurs a mis le géant chinois Chalco Iron Ore Holdings partenaire dans les blocs 3 et 4 du gisement de Simandou.

Des tensions géopolitiques entre l’Australie et la Chine, ont fait que la Chine a voulu réduire sa dépendance vis à vis de l’Australie notamment dans un secteur aussi stratégique que le minerai de fer élément essentiel pour carburer « l’usine du monde » qu’est devenue la Chine moderne. Tâche pas évidente, étant donné que pour continuer à produire plus de la moitié de l’acier mondial, la Chine ne peut pas éviter d’importer du minerai de fer d’Australie qui dispose du minerai de fer en abondance, des mines et des installations ferroviaires et portuaires modernes et en bonus la stabilité politique et la proximité géographique. Selon les experts, même si la Chine se procurait toute l’approvisionnement mondial d’exportation, il lui manquerait encore 200 millions de tonnes de minerai à combler qu’elle ne peut trouver qu’en Australie.

L’ancien président Alpha Condé – frustré avec Rio Tinto – avait carrément pris le coté chinois, en barrant Rio dans le développement clé du chemin de fer Simandou – Forécariah. Il a fallu le coup d’État de septembre 2021 pour voir Rio revenir dans les grâces des autorités guinéennes.

Consciente de son levier de détenteur du minerai, la Guinée en profite pour mener des « négociations serrées » pour extraire le maximum de concession de la part des partenaires. L’état guinéen a exigé et obtenu une « participation gratuite » de 15 % des infrastructures de chemin de fer quoique les détails de cette participation sont toujours pas évident car les termes de l’accord n’ont pas été dévoilés.

Le dossier est piloté non pas par le ministère des mines, mais depuis la Présidence  même. Le 13 janvier, Djiba Diakité, ministre directeur de cabinet de la Présidence de la République et ami personnel du Président de la Transition Doumbouya, a conduit une délégation guinéenne à Shanghai pour une visite d’affaires d’une semaine de la société China Baowu Steel Group (Baowu)  qui a signé un accord « non contraignant » de construction du chemin de fer et du port si crucial pour l’évacuation du minerai. Pour souligner l’importance accordée au projet Simandou par les autorités chinoises, le secrétaire et président du Parti Communiste Chinois, Baowu Chen Derong, le directeur général et le secrétaire adjoint du Parti Hu Wangming ont rencontré la délégation guinéenne à Beijing et à Shanghai respectivement, selon la presse chinoise. Baowu a l’intention d’accélérer les négociations avec Rio Tinto pour le pacte d’actionnaires qui déterminera les conditions d’implémentation des infrastructures et ensuite dirigera la mise en œuvre le financement du projet.

Pour conduire ces négociations, la Guinée a fait appel a un cabinet expert anglosaxon basé à Dubai – Watson Farley & Williams qui se présente comme « un cabinet d’avocats international qui conseille sur des transactions et des litiges complexes grâce à une connaissance locale et à un réseau international intégré. » La firme se targue de se « concentrer fortement sur le secteur, combinant son excellente technique avec sa connaissance approfondie de l’industrie dans les domaines de l’énergie, des transports et des infrastructures associées. »

Un Guinéen parmi les négociateurs

La carte maitresse de la firme Watson Farley & Williams est un guinéen. Barry « Briegel » Alhassane – partenaire dans la firme – est « spécialisé dans le développement et le financement de projets internationaux dans les domaines de l’énergie, des infrastructures, des télécommunications, des métaux/mines, du pétrole et du gaz et des ressources naturelles. » Il est diplômé de la prestigieuse Wharton School of Business de l’University of Pennsylvania Law School aux Etats-Unis et de l’Université Paris 2 Panthéon Assas (France).

Toujours selon la brochure officielle de la firme « Barry  possède une vaste expérience auprès de sponsors, de développeurs, de sociétés de projets, d’investisseurs en capital et de financiers, en particulier au Moyen-Orient, en Asie et en Afrique. Il est admis aux barreaux de New York et de Paris. Il est bien considéré par les annuaires juridiques, étant décrit dans Chambers & Partners Global Rankings comme « très minutieux ; son point fort est la capacité d’expliquer chaque détail de ces questions qu’il connaît de fond en comble . Alhassane parle français, anglais, peul, soussou et mandingue ; et est admis aux barreaux de New York et de Paris. » Il a été longtemps consultant et conseils dans des projets et apparemment les autorités guinéennes se servent de ces hommes de l’ombre pour défendre les intérêts si souvent négligés.

Quand aux Guinéens ordinaires, empêtrés dans les difficultés économiques, ils attendent de voir comment ce méga projet va impacter leur vie quotidienne après plusieurs décennies de promesses non tenues.

Avec Guineenews

A lire aussi: Simandou : en 3 parties, ce qu’il faut savoir sur l’arrêt « immédiat » des activités du projet, ordonné par le Gouvernement guinéen

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